(BFI) – A la faveur des textes signés lundi dernier par le président de la République, EDC dispose d’une nouvelle organisation. Dans le chapitre de ses missions, elle devra être un acteur en matière d’appui-conseil. De façon concrète quel rôle devra-t-elle jouer ?
Il faut préciser que le décret de 2006 donnait déjà à EDC le rôle de bras séculier de l’Etat dans le secteur énergétique mais, ce n’était pas aussi précis que dans les textes de lundi dernier. On peut imaginer dans l’esprit du chef de l’Etat, qu’il y a beaucoup de sujets pour lesquels de par son expertise et son expérience, EDC est sollicitée pour donner un avis. Cela a été le cas lors de la réhabilitation du barrage de Songloulou où nous avons été sollicités par le ministre de l’Eau et l’Energie.
En la matière, nous agirons comme une sorte de bureau d’étude de l’Etat afin d’éviter le recours à des consultants extérieurs ne maitrisant pas notre environnement énergétique. De ce fait, EDC peut être le catalyseur du développement de la production énergétique au Cameroun en évitant le surendettement de l’Etat et en attirant les investisseurs privés dans nos projets énergétiques. Je pense aux projets « Grand Eweng » et Kikot, où il y a pas mal d’investisseurs. Cependant, il faudrait mettre de l’ordre dans ce genre d’investissement, d’où le rôle d’appui-conseil d’EDC qui va bien aviser l’Etat dans le choix des projets allant dans le sens de ses intérêts.
Avec un important portefeuille de ressources patrimoniales transférées par l’Etat, EDC est-il le magnat de la production énergétique au Cameroun ?
On peut le désigner ainsi dans le sens où, par ce décret, l’Etat a clarifié le rôle d’EDC en matière de production hydroélectrique mais aussi thermique. On voit même que l’Etat revient sur le Programme thermique d’urgence (Ptu) qui était un investissement mis à la disposition d’Eneo à un franc symbolique parce qu’il y avait une défaillance au niveau du système électrique. Depuis la construction du barrage de Lom Pangar, c’est EDC qui procède à maîtrise de la gestion optimale de l’eau. Egalement dans les barrages de Mbakaou, Bamendjin et Mapé. L’élément nouveau important conféré par le décret du chef de l’Etat est le barrage de Memve’ele où il nous est demandé de terminer les travaux, d’assurer son exploitation et de vendre l’énergie qui y est produite. Il en sera de même de l’usine de pied de Lom Pangar qui après sa construction, sera exploitée par EDC de par ses missions.
D’autres acteurs du secteur exploitent certains ouvrages énergétiques. Quels seront les rapports avec ces derniers ?
Ce décret clarifie définitivement les rôles. Il n’y a pas de conflit entre les différents acteurs du secteur de l’électricité. Si je prends par exemple l’Agence d’électrification rurale (Aer), elle est chargée de chercher les financements ou les subventions dans les parties de notre pays où l’électrification rurale n’est pas rentable pour l’opérateur Eneo. La Sonatrel gère le patrimoine en ce qui concerne le transport de l’électricité. Désormais, il n’y a plus de confusion entre ce qui est dévolu à EDC qui est le gestionnaire du patrimoine de l’Etat (en dehors de ce qui est confié aux autres opérateurs) et Eneo qui exploite, sous le régime de la concession, certaines parties d’ouvrages. Toutefois, de plus en plus, on se rend compte que l’Etat pourrait être appelé à demander à EDC d’intervenir dans certains aspects de ses biens concédés aux autres opérateurs. C’est le cas du Ptu évoqué plus haut.