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Supprimer les subventions aux produits pétroliers au Cameroun et afficher les vrais prix à la pompe (FMI)

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(BFI) – Au moment où le rideau se ferme sur les discussions entre les équipes du Fonds monétaire international et le Cameroun, la suppression de la subvention des produits pétroliers à la pompe devant entraîner mécaniquement une revalorisation des prix des carburants dans les essenceries semble désormais actée. Le communiqué de fin de mission est sans ambiguïté sur la question et prépare les populations à affronter des moments plus difficiles. D’où le recours à plus de liquidités à verser aux populations en espèces dans le cadre des filets sociaux indique EcoMatin.

Pour le Fonds monétaire international (FMI), la question ne se pose plus. Le gouvernement camerounais doit mettre un terme aux subventions des prix des hydrocarbures à la pompe. Avec l’envolée des cours du pétrole sur le marché international, l’ardoise de ces subventions de l’Etat est passée de 100 milliards de FCFA en 2021 à 625,4 milliards de FCFA en 2022 (265,4 milliards dans le budget initial). Ce qui insupporte l’institution de Bretton Woods car « l’augmentation du coût des subventions est donc compensée par la réduction d’autres dépenses, notamment celles consacrées aux projets d’investissement. Le coût élevé des subventions aux carburants serait difficile à maintenir dans le cadre des projections actuelles des prix internationaux du pétrole » peut-on lire sur un récent communiqué publié quelques jours après qu’une mission du Fonds ait séjourné à Yaoundé dans le cadre de la seconde revue des accords au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit. La solution que propose le FMI, est donc de supprimer ces subventions en affichant la vérité des prix à la pompe. Si elle se matérialise, le citoyen devra payer plus cher. Selon les données du Ministre du Commerce, le prix du litre de super (650 Fcfa) du gasoil (600 Fcfa) et du pétrole lampant (350 Fcfa) passeraient respectivement à 1016 Fcfa, 1027 Fcfa et 849 Fcfa. Pour le moment, rien n’indique que cette suppression sera totale mais quoi qu’il en soit, elle occasionnera à coup sûr une hausse des prix des denrées alimentaires et rendra plus chétif et rachitique le panier de la ménagère.

Transfert social

Conscient du malaise social que cela devrait engendrer, le Fonds a proposé au gouvernement, qui a du mal à avaler la pilule de l’affichage de la vérité des prix à la pompe, la mobilisation au profit des populations vulnérables, des sommes en espèces afin de faire face à la conjoncture difficile qu’elles vont vivre dans les jours à venir. « La suppression progressive des subventions aux carburants devrait s’accompagner d’un renforcement substantiel du mécanisme de transfert social en espèces», peut-on lire. Le mécanisme de transfert social en espèces encore appelé projet filets sociaux, consiste à allouer aux populations vulnérables, des sommes liquides afin de leur permettre de faire face aux affres de la conjoncture. «Augmenter ces transferts en espèces ainsi que le nombre de bénéficiaires reviendrait à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Et l’on se retrouverait dans la situation ante. Donc, il faudra plutôt trouver d’autres mécanismes pour alléger le poids que va occasionner la suppression des subventions dans les dépenses des ménages », explique une source proche du dossier. Toutefois, la mise en œuvre de cette option semble avoir été discutée avec les autorités qui devront, dans les prochains jours, prendre langue avec Washington afin de trouver la meilleure approche pour soulager les caisses de l’Etat de la pression continue auxquelles elles sont soumises d’une part, et les ménages de la hausse des prix des denrées de grande consommation.

« Le gouvernement a effectivement demandé que le FMI se tienne à ses côtés en vue de mettre en œuvre toutes les modélisations nécessaires à la mobilisation des mesures d’accompagnement qui vont suivre la hausse des prix à la pompe. Il pourrait même y avoir des allées et venues entre Yaoundé et Washington afin que tout soit harmonisé pour le bien de tous. Sinon, on pourrait dire adieu au décaissement de 45 milliards de Fcfa qu’on est en droit d’attendre à l’issue de la mission », affirme une source proche du dossier au Ministère de l’Economie.

Les filets sociaux pour mémoire sont décaissés au bénéfice de 177 000 personnes depuis des années. Et en 2023, le nombre sera porté à 220 000 individus et étendu à 2000 entrepreneurs dont l’âge varie entre 18 et 35 ans. De plus, la composante « violences basées sur le genre» va intégrer ce programme financé par la Banque mondiale.

Hausse des salaires

Cette actualité intervient au moment où le gouvernement s’est enfin décidé à relever le montant du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig). C’est loin d’être une coïncidence car une hausse des salaires, dans l’absolue, devrait permettre de relever le pouvoir d’achat et par ricochet juguler la hausse annoncée. Les discussions sont toujours en cours pour tabler sur le montant qui sera compris entre 40.000 F et 100.000 F. Ce n’est donc qu’une question de temps avant que cela ne soit effectif ; même si selon les experts ça ne changera pas grand- chose à la cherté de la vie qui se peaufine. « Est-il mathématiquement possible de vivre avec 36.000 F au Cameroun ? Le Smig est loin de la réalité du terrain. Le relever à 100.000F par exemple n’y changera rien à la vie du travailleur» tempête un syndicaliste.

Rédaction
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