(BFI) – La Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) et la Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), l’entité en charge de la construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal, ont signé, le 23 septembre 2024 dernier à Yaoundé, un contrat d’accès au réseau de transport de l’électricité lors d’une cérémonie présidée par le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba.
La signature de ce contrat intervient quelques jours seulement après la mise en service du troisième groupe du barrage, le 19 septembre 2024. Le lancement du premier groupe a eu lieu en juin, et le deuxième, en août. Le barrage injecte actuellement 180 MW sur les 420 MW prévus. Le ministre de l’Eau et de l’Énergie a annoncé que l’objectif est de mettre en service un groupe supplémentaire chaque mois, avec pour ambition d’atteindre la production des sept groupes d’ici fin janvier 2025. « Donc, en octobre, on aura certainement le 4e groupe avant la fin du mois », a-t-il dit.
Ce partenariat permet donc à NHPC de solliciter Sonatrel pour le transport de toute l’énergie produite par le barrage hydroélectrique de Nachtigal. « En retour, NHPC doit être payée par le fournisseur qui est Eneo, avec lequel ils ont un contrat, un « Power Purchase Agreement ». Et nous, à Sonatrel, transportons l’énergie et attendons en contrepartie le paiement des frais de transport d’électricité par NHPC », a déclaré Victor Mbemi Nyaknga, directeur général de la Sonatrel, à la télévision publique. Vincent Leroux, directeur général de NHPC, a ajouté que « cette ligne nous permet de desservir tout le Réseau interconnecté Sud (RIS) et d’évacuer l’ensemble de l’énergie de Nachtigal ».
Il est important toutefois de noter qu’en dépit de cette signature, d’importants défis subsistent. Les infrastructures de transport et de distribution, vieillissantes et gérées respectivement par Sonatrel et Eneo, nécessitent des investissements importants pour leur modernisation, afin d’assurer une évacuation optimale de l’énergie produite par Nachtigal. Bien qu’une ligne d’évacuation de 225 kVA relie Nachtigal à Yaoundé, la nouvelle ligne en construction vers Douala, un important centre de consommation, n’est pas encore terminée. « Si les barrages sont construits mais que l’infrastructure de transport n’est pas adaptée, il sera difficile de satisfaire les besoins des populations », a reconnu le ministre de l’Eau et de l’Énergie lors de la cérémonie de signature du contrat d’accès au réseau électrique entre NHPC et Sonatrel.
À l’issue de sa récente visite sur le site de Nachtigal, Gaston Eloundou Essomba a insisté sur la nécessité de garantir que les infrastructures de transport soient prêtes à évacuer l’énergie produite en temps réel. « Nous allons poursuivre notre inspection des lignes de transport jusqu’à Douala pour nous assurer que le calendrier est bien synchronisé, permettant ainsi l’évacuation en temps réel de l’énergie de Nachtigal. Cela contribuera à réduire de manière significative les désagréments que les populations rencontrent actuellement en raison du déficit de production ou d’une infrastructure de transport inadaptée », a-t-il ajouté.
Avec un investissement global de 786 milliards de FCFA, le barrage de Nachtigal se distingue comme la plus grande centrale de production d’électricité du Cameroun. Doté d’une capacité de 420 MW, il pourrait augmenter la production électrique du pays de 30 % en un seul coup. Cette infrastructure va également renforcer la part de l’hydroélectricité dans le mix énergétique national, permettant ainsi des économies significatives sur l’achat de combustibles pour les centrales thermiques d’appoint. De plus, Nachtigal pourrait positionner le Cameroun en tant que leader de l’exportation d’électricité en Afrique centrale. Le Projet d’interconnexion des réseaux électriques entre le Cameroun et le Tchad (Pirect) avance également, avec pour objectif de fournir 100 MW d’électricité au Tchad d’ici 2027.