(BFI) – Les déclarations d’Emmanuel Macron sur une éventuelle acquisition de Société Générale par la banque espagnole Santander ont secoué le monde bancaire. La perspective semble improbable pour l’instant, mais elle a ravivé les spéculations sur la consolidation du secteur bancaire européen.
Lors d’une interview accordée à Bloomberg TV, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de voir une banque française être rachetée par un autre établissement européen. Bien qu’il n’ait pas mentionné explicitement Société Générale, ses propos ont suffi à agiter le secteur. « Cela fait partie du marché, agir en tant qu’Européens signifie que vous avez besoin de consolidation », a-t-il déclaré. Cette simple phrase a suffi à déclencher un regain d’intérêt autour de la banque française.
Société Générale se distingue parmi les grandes banques cotées au CAC 40 par sa faible valorisation boursière. Avec une capitalisation de 22 milliards d’euros, elle est bien moins valorisée que ses concurrents BNP Paribas (80 milliards d’euros) et Crédit Agricole SA (47 milliards d’euros). Cette faible valorisation la rend théoriquement plus accessible à un éventuel acquéreur étranger. De plus, l’action Société Générale reste 15 % inférieure à son niveau d’avant la pandémie, ce qui accentue encore son attractivité pour les investisseurs potentiels.
La consolidation du secteur bancaire européen est un sujet récurrent, souvent soutenu par la Banque centrale européenne (BCE). Aucune banque d’Europe continentale, à l’exception de HSBC, ne figure parmi les 15 premières banques mondiales en termes de capitalisation boursière. Cette situation incite à envisager des regroupements pour créer des entités plus compétitives à l’échelle mondiale.
Quel avenir pour Société Générale ?
La crise sanitaire a également joué un rôle en redonnant des marges de manœuvre aux banques grâce à la remontée des taux d’intérêt, ce qui pourrait faciliter des opérations de rachat. Cependant, les différences réglementaires entre les pays européens, comme les taux fixes en France par opposition aux taux variables ailleurs, compliquent les synergies potentielles d’un rachat transfrontalier.
Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, a souligné cette difficulté lors de l’assemblée générale du groupe : « Seul un acteur domestique peut acheter un autre acteur domestique ». Cette remarque illustre bien les obstacles auxquels fait face une opération de rachat entre grands établissements bancaires européens.
Les spéculations sur un possible rachat de Société Générale montrent les défis auxquels est confrontée la banque française. Bien que la déclaration d’Emmanuel Macron ait alimenté les rumeurs, une telle opération semble peu probable dans l’immédiat. Les différences réglementaires et les faibles synergies attendues constituent des freins majeurs à une telle transaction.
En attendant, Société Générale continue de naviguer dans un environnement bancaire complexe, marqué par des valorisations fluctuantes et des enjeux de consolidation européens. L’avenir de la banque française demeure incertain, mais les récentes discussions montrent que le secteur bancaire européen reste en perpétuelle évolution. Les prochaines années diront si les conditions deviennent plus propices à des fusions transfrontalières ou si les banques européennes continueront à évoluer principalement au sein de leurs frontières nationales.
Avec le Journal de l’économie