(BFI) – La direction générale des impôts (DGI) vient de publier le rapport sur les dépenses fiscales de l’exercice 2019 au Cameroun. On y apprend que les manques-à-gagner (non exhaustifs) pour cet exercice s’élèvent à 584,7 milliards de FCFA. Ils représentent 21% des recettes collectées et 2,6% du PIB revèle Investir au Cameroun.
Les exonérations de l’impôt sur la consommation (TVA et droits de douane) représentent 60,1% des dépenses globales, soit 351,7 milliards de FCFA en valeur absolue. Seulement, ces cadeaux fiscaux profitent plus aux riches qu’aux pauvres qui en sont pourtant la cible, constate le rapport. En effet, la DGI indique que les exonérations de TVA sur la consommation des ménages « profitent aux ménages pauvres à hauteur de 4,6% seulement, contre 47% pour les ménages les plus aisés ».
Concernant par exemple le poste « alimentation et boissons non alcoolisées » qui bénéficie de plus de 46% de la dépense fiscale, il apparaît que 20% des ménages les plus pauvres bénéficient de 5,8% de la dépense fiscale accordée à ce poste de dépense, contre 40,8% pour les 20% des ménages les plus riches. Si cette tendance peut s’expliquer par le fait que les dépenses de consommation des ménages augmentent avec leur niveau de revenu, cette évolution traduit également un ciblage insuffisant de la dépense fiscale sur la composition des dépenses spécifiques destinées aux ménages les plus démunis, à en croire l’administration.
Selon la DGI, le bénéfice des dépenses fiscales est en réalité fonction du niveau de consommation et non de la taille du revenu. Dans cette veine, indique l’administration fiscale, « l’État gagnerait à collecter ces recettes et à procéder à une redistribution équitable au profit des ménages pauvres, par exemple par le biais d’une subvention destinée à compenser les pertes subies, du fait de la mévente des produits de base (cacao café, coton…) sur le marché international ».
Pour la DGI, une telle subvention serait plus significative, car, 64% de la population camerounaise en milieu rural vivent de l’autoconsommation et essentiellement des cultures de rente comme principale source de revenus. L’État gagnerait par ailleurs à développer la culture du riz et à promouvoir l’élevage du poisson, source de grosses dépenses fiscales.