(BFI) – Le manque de souveraineté économique trouve un terreau favorable dans la carence d’une maîtrise des processus de transformations de ses ressources naturelles. En Afrique, notamment au sein des pays au sud du Sahara, la dépendance aux importations alimentaires est élevée et a avoisiné environ 60 %. Généralement, les chocs exogènes ont eu un impact négatif sur les économies africaines, en particulier sur des secteurs névralgiques.
Tenez-vous bien, en Afrique, le secteur manufacturier représente en moyenne moins de 10 % du PIB ! Le taux de chômage dans la sous-région située au sud du Sahara est officiellement de 27,6 % sur une population majoritairement jeune. A ce tableau bien sombre, il faut ajouter que l’informel constitue pour la plupart de ces économies des parts bien au-dessus de la moyenne ! Comme si cela ne suffisait pas, les entreprises étrangères contrôlent une grande partie des secteurs stratégiques africains, tels que l’extraction pétrolière et gazière. Il n’est pas rare que des descendants de commerçants d’origine étrangère, aujourd’hui naturalisés, clament à tout nouvel investisseur qui veut l’entendre qu’ils monopolisent ces économies et y ont une sorte de « passavants » … Cette situation rend ces pays africains particulièrement vulnérables aux chocs externes, tels que la volatilité des prix des matières premières ou les crises sanitaires. Au plus fort des crises de la Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne, nombre d’économies africaines ont lourdement souffert, en particulier sur les secteurs de l’énergie, du tourisme, de l’agroalimentaire. Contraints d’importer des produits manufacturés, pour la simple raison qu’ils ne contrôlent pas la transformation de leurs ressources naturelles, les pays africains réduisent leur autonomie et leur capacité à générer des emplois et des revenus. A cela s’ajoute une perte de compétitivité. En effet, les pays, qui ne maîtrisent pas leurs secteurs stratégiques, sont moins compétitifs sur le marché international, ce qui les empêche de tirer pleinement parti de leurs avantages comparatifs.
Comment assurer ses approvisionnements
Outre des secteurs généralement stratégiques pour tous, tels que le sucre, l’énergie et autres régaliens, il est utile de maîtriser la transformation des produits de base de l’alimentation (farine de blé pour certains, farine de mil ou de manioc et tubercules pour les autres, les produits de la pêche et de l’élevage). Avec la maîtrise de telles branches, l’Afrique deviendra moins vulnérable aux chocs externes, tels que la volatilité des prix des matières premières ou les crises sanitaires. Pour éviter des crises profondes, ces pays ont intérêt à s’intégrer à leurs chaînes de valeur mondiales. La solution consiste à assurer soi-même la transformation des ressources naturelles qui génère des emplois et procure des revenus, d’abord localement puis à l’export, en cas de surplus. En renforçant un secteur agricole, aujourd’hui caractérisé par une faible productivité et une faible intégration aux chaînes de valeur mondiales, l’Afrique qui décide de s’industrialiser va gagner des parts de marché dans le secondaire. A défaut, elle continuera de vivre une perte de compétitivité, due à une série de facteurs, notamment la faiblesse de l’infrastructure, la pénurie de compétences et la corruption. Limiter ces risques rime avec des investissements dans la transformation des ressources naturelles, l’agroalimentaire, l’industrie sucrière, les raffineries de pétrole et de gaz, la logistique, etc. A noter que ces investissements doivent être accompagnés de réformes visant à améliorer l’environnement des affaires, organiser le secteur privé local (éviter son atomicité), soutenir les champions nationaux et leurs flottilles de PME-PMI, renforcer la transparence et une saine concurrence…