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Quand le Gabon devient le premier fournisseur du Cameroun

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C’est un retournement de situation que peu d’observateurs avaient anticipé : en l’espace de quelques années, le Gabon a pris l’ascendant sur le Cameroun dans leur relation commerciale bilatérale. À contre-courant de l’image traditionnelle d’un Cameroun dominant économiquement la sous-région, c’est aujourd’hui le Gabon qui, chiffres à l’appui, s’impose comme le principal fournisseur de Yaoundé au sein de la CEMAC.

Les statistiques récentes sont sans appel. Sur la période 2019-2023, Libreville a exporté vers le Cameroun 214 400 tonnes de marchandises pour une valeur cumulée de 143,9 milliards de Fcfa, devançant nettement tous les autres partenaires régionaux. Rien qu’en 2022, le Gabon a vendu pour 58 milliards de Fcfa de produits à son voisin, contre 25,2 milliards d’importations. Ce déséquilibre commercial, historiquement rare, a creusé un déficit de 32,8 milliards de Fcfa pour le Cameroun. Une situation encore inimaginable il y a dix ans.

Huile de palme, bois transformé et ambition agricole

Ce basculement repose sur des piliers solides : d’une part, la montée en puissance de l’agro-industrie gabonaise, notamment dans la filière de l’huile de palme, dont la production est passée de 70 300 tonnes en 2020 à près de 130 000 tonnes prévues en 2024 ; d’autre part, la stratégie de transformation du bois local, qui fait du Gabon un champion régional avec 69 % de son bois transformé sur place. En 2022, le bois transformé représentait à lui seul 60 % des exportations gabonaises, dont une part significative est absorbée par le marché camerounais.

En face, le Cameroun continue d’exporter principalement des produits agricoles périssables (fruits, légumes) vers le Gabon. Une manne qui pourrait s’assécher à moyen terme, car Libreville mise désormais sur l’autosuffisance alimentaire. Le pays investit massivement dans la relance de ses cultures vivrières et vise une réduction de 50 % de ses importations alimentaires d’ici fin 2025, avec l’ambition assumée de devenir exportateur net de tomates, oignons et autres produits maraichers dans la sous-région.

Ce rééquilibrage s’accompagne d’infrastructures : le Gabon a prévu d’investir 1,5 milliard de francs CFA entre 2024 et 2026 pour la construction de marchés transfrontaliers à Bitam et Eboro, dans le cadre de sa frontière avec le Cameroun. Ces projets s’inscrivent dans le Plan national de développement de la Transition (PNDT) et visent à créer des espaces commerciaux modernes et fonctionnels où les commerçants des deux pays pourront échanger leurs produits en toute sécurité, et renforcer l’intégration économique.

Derrière ces chiffres, une leçon s’impose : le Gabon n’est plus ce petit frère discret des échanges régionaux. Il s’affirme, méthodiquement, comme un acteur stratégique et structurant de la nouvelle économie sous-régionale.

Avec GabonReview

Rédaction
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