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Pourquoi l’Afrique devrait rester optimiste malgré les crises

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(BFI) – Covid, guerre en Ukraine, menaces terroristes : si l’Afrique reste très vulnérable face aux crises internationales, plusieurs voix sur le continent y voient une nouvelle occasion de tirer son épingle du jeu et appellent les dirigeants à en profiter pour engager de profondes réformes.

Parmi les signes d’optimisme : la résilience de la plupart des économies africaines durant la pandémie de Covid-19. Globalement moins endeuillée que d’autres continents, l’Afrique a connu un ralentissement plus faible de son activité économique en 2020 (-2%) qu’à l’échelle mondiale (-3,3%). Et les perspectives pour l’année 2022, à l’heure où la guerre en Ukraine menace les économies du monde entier, ne sont pas totalement sombres.

« L’Afrique va vers une croissance autour de 3,7% alors qu’en Amérique du nord ou en Europe on est face à un vrai risque de récession », estime l’économiste Lionel Zinsou. « Nous n’avons pas été les plus grandes victimes de la pandémie et nous ne le serons pas des conséquences collatérales de la guerre en Ukraine », martèle l’ancien Premier ministre béninois qui estime que l’inflation sur les exportations de matières premières compensera celle sur les importations.

Autre signal positif, la confiance des investisseurs en Afrique est revenue à un niveau supérieur à celui d’avant la pandémie.Selon un rapport du cabinet Deloitte qui a interrogé 190 patrons d’entreprises ayant des activités sur le continent, 78% d’entre sont confiants dans leurs perspectives de développement contre 61% avant la crise du Covid (et 40% pendant celle-ci).

Pas question pour autant de minimiser les défis à venir pour les économies africaines, à commencer par la guerre en Ukraine qui affecte notamment ses importations de céréales. « Nous sommes préoccupés par le ralentissement de la croissance mondiale et la disponibilité pour l’Afrique de certains produits comme le blé ou les engrais », a averti le président ivoirien Alassane Ouattara lors de l’Africa CEO Forum, un sommet économique qui réunissait début juin à Abidjan chefs d’entreprises et décideurs politiques.

« Les économies africaines ont pris un choc et n’ont pas encore retrouvé les taux de croissance d’avant 2019. La situation reste particulièrement difficile avec l’inflation qui affecte de manière disproportionnée les populations les plus pauvres », reconnaît Makthar Diop, directeur général de la Société financière internationale (IFC), une branche de la Banque mondiale.

« Conquérir l’indépendance »

Mais certains y voient une occasion pour les pays africains de tracer de nouvelles routes. « On perd une bonne partie des récoltes chaque année, par manque d’électricité, de chaîne du froid… Si on réduit ces pertes grâce à des efforts d’investissement dans les infrastructures dès les prochaines campagnes, on aura des réponses à nos pénuries », estime M. Zinsou.

« Toute crise est une opportunité pour structurellement transformer la situation. Il y a un potentiel de transformation économique des pays africains en augmentant la valeur ajoutée créée sur le continent », affirme M. Diop.

Certains pays ont accéléré ces dernières années sur le sujet: la Côte d’Ivoire a construit de nouvelles usines de transformations de noix de cajou, le Nigeria est en train de se doter d’une méga-raffinerie pétrolière à Lagos et les compagnies étrangères en Guinée ont été récemment sommées de construire des usines de transformation de bauxite.

« Une des conséquences de la pandémie c’est que beaucoup de groupes ont souhaité moins dépendre de l’étranger pour leurs importations. L’Afrique est aussi concernée par le phénomène de démondialisation, de relocalisation et de régionalisation », pointe Emmanuel Gadret, directeur général Afrique francophone chez Deloitte.

« C’est l’heure pour l’Afrique de conquérir son indépendance sur bien des aspects. Nous devons davantage compter sur des financements sur le continent plutôt que sur de la dette extérieure. Nous avons un grand potentiel pour lever des fonds sur ce continent pour financer des projets cruciaux », estime Georges Wega, directeur délégué des réseaux bancaires internationaux pour la région Afrique à la Société Générale.

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) qui vise à harmoniser les tarifs douaniers sur tout le continent et qui entre lentement en vigueur, est notamment porteuse d’espoirs pour doper le commerce intra-africain. « L’Afrique a été extraodinairement réactive, financièrement techniquement et elle va recommencer », conclut M. Zinsou.

Rédaction
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