(BFI) – En attendant la concrétisation de la Zlecaf, le continent a besoin d’initiatives à fort impact que les entreprises doivent construire par des solutions inclusives.
Le 36e sommet de l’Union africaine a réaffirmé à Addis-Abeba, il y a quelques jours, l’importance stratégique de créer la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Il a démontré l’unanimité des chefs d’État derrière cette initiative ambitieuse, qui viendra révolutionner le développement économique du continent en démultipliant l’accessibilité aux biens, aux services et aux infrastructures de première nécessité pour 1,3 milliard d’habitants. Mais Rome ne s’est pas construite en un jour. La Zlecaf mettra du temps à être opérationnelle. Or, l’inclusion ne peut pas attendre, le continent ne peut pas attendre et nous, entrepreneurs, n’avons pas besoin de la Zlecaf pour mener la bataille de l’accessibilité sur le terrain.
L’inclusion, un besoin crucial…
Il y a bientôt cinq ans, j’ai décidé de mettre l’impact positif au cœur du business model du groupe avec l’objectif de décupler l’accès à des biens aussi essentiels que l’énergie, le financement, le numérique. Après avoir passé des mois à écouter nos clients et analyser leurs besoins, qu’ils soient consommateurs, microentrepreneurs, PME, grandes entreprises, start-up, nous avons compris qu’ils manquaient cruellement de solutions adaptées à leur quotidien et capables de le simplifier. Nous avons donc fait évoluer notre offre d’infrastructures et de services vers une proposition de valeur axée sur l’inclusion financière, énergétique et numérique.
Ce fut un virage stratégique profond, précurseur à l’époque où l’impact et la RSE n’étaient pas encore aussi vulgarisés qu’aujourd’hui. Ce fut une transformation à tous les étages, transformation qui ne sera d’ailleurs jamais terminée, car la vitesse à laquelle le continent africain change et avance nous oblige à perpétuellement nous réinventer. Mais la labellisation B-corp de WeLight obtenue il y a quelques semaines – une grande fierté ! – et le recrutement de notre Chief Impact & Sustainability Officer fin décembre m’invitent à dresser un premier bilan de notre trajectoire impact.
… sur le chemin d’un impact des entreprises…
Le plus dur n’est pas de faire évoluer une proposition de valeur. Nous devons certes prendre des risques, sortir de notre couloir de nage, oser lancer de nouvelles offres, mais l’innovation, l’audace et la créativité étant ancrées dans l’ADN du groupe, cette partie-là est en vrai la plus excitante. Tous les jours, nous nous posons la question de comment répondre à tel ou tel nouveau besoin, clairement identifié mais non adressé jusqu’alors.
Le plus complexe est probablement de faire évoluer notre gouvernance et notre culture managériale. Nous avons demandé à nos managers, presque du jour au lendemain, de revoir la façon dont ils évaluaient leur performance – la leur et celle de leurs collaborateurs – , en intégrant des critères non financiers, comme la réduction de l’empreinte carbone de leurs activités, la promotion de la parité et de la diversité dans leurs équipes, etc.
… qu’il convient de prévoir et mesurer
La création et la mise en œuvre de processus et d’outils de reporting, tant par nos équipes que par nos fournisseurs, nos partenaires, nos clients, fut et continue d’être une entreprise ardue, mais sûrement pas impossible ! La preuve ? Nous avons publié fin 2022 le deuxième opus de notre rapport annuel impact et mis en place un scoring impact interne sur lequel une partie de la rémunération des managers est directement indexée. Nous sommes également le premier groupe panafricain à effectuer un audit Scope-III en 2021, car pas d’impact sans la capacité de le mesurer.
À tous les patrons africains, et quelle que soit la taille de votre entreprise, lancez-vous ! Vous serez vite accros à la dynamique vertueuse et au changement positif que vous générerez autour de vous : la mobilisation et la fierté dans les yeux de vos collaborateurs, le bonheur de vos clients, l’énergie et le soutien de vos partenaires, la confiance accrue de vos investisseurs, mais aussi une confiance en l’avenir et, surtout, une réponse à la hauteur des défis et des attentes de notre continent.
* Président du groupe Axian, créateur, avec l’ESCP Business School, de la Chaire « Innovation responsable en Afrique »