(BFI) – Dans la zone CEMAC, un groupe de banques continue d’enregistrer des pertes, en lien direct avec un niveau insuffisant de fonds propres. Le rapport de surveillance multilatérale 2024 et perspectives 2025-2026, publié le lundi 15 décembre par la Commission de la CEMAC, souligne qu’« en 2024, 10 banques, dont 5 au Tchad, ont extériorisé un besoin global en fonds propres nets de 247,3 milliards de francs CFA».
L’alerte de la Commission de la CEMAC intervient au moment où de nouvelles exigences de capital entreront en vigueur dès janvier 2026 pour renforcer la stabilité du secteur bancaire.
Le rapport sus évoqué indique par ailleurs que 22 banques sur 56 n’ont pas respecté en 2024 l’ensemble des normes prudentielles liées aux fonds propres nets. Cela signifie que près de 4 banques sur 10 présentent des fragilités sur ce point dans la sous-région. Pourtant, les fonds propres constituent la base financière d’une banque. Ils servent à absorber les pertes et à respecter les normes prudentielles imposées par le régulateur. Lorsqu’ils sont insuffisants, la banque devient vulnérable face aux chocs économiques et financiers.
La Commission souligne que le traitement des banques en difficulté, notamment en situation de sous-capitalisation, reste lent. Cette situation s’explique par une application incomplète des décisions de la COBAC, le régulateur du secteur bancaire de la CEMAC, par certaines autorités nationales.
Sur le plan prudentiel, les résultats sont contrastés. En 2024, les normes les plus respectées concernent le ratio de liquidité, qui mesure la capacité des banques à faire face à leurs engagements à court terme, et le plafond global des risques, qui limite l’exposition totale d’une banque. En revanche, la norme la moins respectée reste celle liée à la division individuelle des risques. Cette règle empêche une banque de concentrer trop de crédits sur un seul client ou un même groupe.
Ces difficultés persistent alors que le secteur continue de croître. En 2024, les bilans bancaires ont progressé de 11,5 %, après une hausse de 11 % en 2023. Cette croissance s’explique par l’augmentation des dépôts de la clientèle (+8,2 %), des crédits bruts (+6,5 %) et de la trésorerie excédentaire (+10,2 %).
De nouvelles exigences de capital dès 2026
Cette alerte de la Commission de la CEMAC sur le niveau insuffisant de fonds propres de certaines banques intervient à un moment clé pour le secteur. La COBAC a décidé de relever les exigences de capital à compter du 1er janvier 2026. Désormais, toutes les banques de la zone devront disposer d’un capital social minimum de 25 milliards fcfa. Les établissements financiers devront, pour leur part, atteindre un seuil de 4 milliards. Cette décision s’applique aux six pays que sont : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad.
Selon une étude publiée en août 2025 par l’économiste Serge Nkoum, le relèvement du capital minimum permet de renforcer les fonds propres des banques. Cela améliore leur capacité à financer l’économie, à absorber les pertes et à respecter les normes prudentielles. Un niveau de capital plus élevé réduit aussi le risque de faillite bancaire et limite le recours aux soutiens publics en cas de crise.
Dans ce contexte, la recapitalisation des banques apparaît comme une condition centrale pour renforcer la stabilité financière du secteur. Notons qu’en 2024, la CEMAC comptait 56 banques en activité et 9 établissements financiers.




