(BFI) – Malgré la cession des activités portuaires du groupe Bolloré à MSC, le groupe de transport maritime de la famille Aponte reconduit Philippe Labonne, qui était directeur général adjoint de Bolloré Transport & Logistics et directeur général de Bolloré Ports, au top management de la nouvelle entité, dont le nom sera dévoilé en 2023. Le leader mondial de la ligne régulière reprend en outre les 21 000 collaborateurs.
Quelques semaines après le groupe français, qui avait fait savoir début décembre avoir obtenu le feu vert des autorités de la concurrence pour céder l’ensemble des activités de sa filiale, Bolloré Africa Logistics, l’armateur de porte-conteneurs MSC annonce à son tour la finalisation de l’opération pour laquelle il aura consenti 5,7 Md€.
Depuis le 21 décembre 2022, Bolloré AfricaLogistics (BAL) est passé dans le giron du leader mondial du transport maritime de conteneurs au travers de sa filiale Shipping Agencies Services. Le groupe suisse, propriété de la famille italienne Aponte, met la main sur une entité qui emploie près de 21 000 collaborateurs dans 250 filiales réparties dans 49 pays dont 47 en Afrique. Il s’offre surtout le leader du transport et de la logistique en Afrique, présent dans 42 ports, concession de 16 terminaux à conteneurs (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, Gabon, Congo, Togo, Guinée-Conakry…), sept terminaux ro-ro, deux terminaux à bois et un terminal fluvial.
MSC récupère en outre une activité de manutention conventionnelle et les opérations shipping des 87 agences maritimes, dont 74 agences en Afrique, 11 sur la péninsule ibérique, et deux en Asie-Pacifique.
40 terminaux sans BAL
« Cette acquisition souligne l’engagement à long terme de MSC à investir dans les chaînes d’approvisionnement et les infrastructures africaines », indique de façon convenue le communiqué de presse du groupe suisse alors que cette acquisition l’érige d’un coup au rang des colosses de la manutention portuaire en Afrique.
MSC, actionnaire de tout ou partie dans plus de 40 terminaux portuaires d’une trentaine de pays, figure parmi les premiers armateurs à avoir envoyé des porte-conteneurs de grande taille en Afrique de l’Ouest, notamment à son terminal de Lomé (Togo), qui a rapidement dépassé le million d’EVP. Á l’instar de ses pairs et concurrents, l’intégration verticale est une voie de diversification privilégiée selon l’adage largement partagé par les transporteurs maritimes : « il vaut mieux détenir un port qu’attendre devant ».
Entité autonome sous un nouveau nom
Le groupe, basé à Genève, précise que les activités de BAL seront exploitées en tant qu’entité autonome sous une nouvelle marque « qui sera dévoilée en 2023 ». Connue pour son sens des relations personnelles, la famille Aponté, familier des Bolloré, conserve le top management malgré la cession, y compris Philippe Labonne, une figure historique parmi les cadres dirigeants en tant que président de Bolloré Africa Logistics. Il sera chargé d’assurer la poursuite des activités.
Les 21 000 collaborateurs rejoignent par ailleurs le groupe de 155 000 personnes, ce qui contribuera à atténuer les inquiétudes des personnels des filiales quant à leur sort. MSC indique par ailleurs qu’il « respecter[a] l’ensemble de ses engagements vis-à-vis des gouvernements, notamment ceux concernant les concessions portuaires ».
Rien n’a été dit sur les investissements que le premier de la ligne régulière entend consentir. « MSC a l’intention de continuer à améliorer la connectivité du continent avec le reste du monde et de permettre le commerce en Afrique dans le cadre de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA)…L’accord renforcera les liens de longue date de MSC avec l’Afrique et renforcera notre engagement envers la croissance économique du continent, y compris les investissements. » Ce qu’il fallait dire.