(BFI) – La société Petrolex fait partie des distributeurs retenus par le gouvernement pour renforcer l’approvisionnement du marché en pétrole lampant. Selon une source interne, elle a obtenu un quota de 8 000 tonnes métriques (TM), soit 20 % de la commande exceptionnelle de 40 000 TM initiée par le ministre de l’Eau et de l’Énergie. La cargaison, dont l’origine n’a pas été précisée, est attendue dans les prochains jours. Des informations évoquent également un lot attribué à Neptune, sans confirmation officielle à ce stade.
Cette opération intervient alors que les pénuries ont particulièrement touché Yaoundé ces dernières semaines. Dans une circulaire datée du 11 août, le ministre a dénoncé les « violations flagrantes » de la réglementation par certaines industries, boulangeries ou sociétés forestières, qui profiteraient de la subvention de l’État pour acheter en grande quantité le pétrole lampant en station-service. Certaines iraient même jusqu’à recruter des jeunes pour multiplier les achats.
Rationnement et contraintes
Ces pratiques aggravent les tensions, privant les ménages — principaux bénéficiaires de la subvention — d’un accès régulier au produit. Vendu en station à 350 FCFA le litre, le pétrole lampant est exclusivement destiné aux usages domestiques, tandis que les entreprises doivent s’approvisionner auprès des dépôts de la SCDP à 560,19 FCFA. Pour endiguer les abus, le ministre a décidé d’abaisser le plafond des ventes en station-service de 100 litres à seulement 10 litres par client, sous peine de sanctions.
Mais pour plusieurs marketeurs, les détournements dans la distribution ne suffisent pas à expliquer la rareté du produit. Ils pointent des contraintes structurelles, notamment l’engorgement du port de Douala et les capacités limitées de stockage de la SCDP. « Il arrive qu’un navire attende plus d’un mois avant de décharger sa cargaison, faute de place au dépôt », explique un opérateur du secteur. Une situation paradoxale, alors même que les cours internationaux des produits finis sont actuellement favorables.
Cette crise met en évidence la nécessité de renforcer l’infrastructure énergétique nationale. La construction, par la SNH, d’une unité de stockage et d’une raffinerie à Kribi pourrait réduire la dépendance aux importations et limiter les tensions sur le marché domestique, en rapprochant la production des principaux centres de consommation. À terme, ce projet devrait permettre une meilleure régulation de l’offre et garantir un accès plus stable au pétrole lampant pour les ménages.
