(BFI) – Le président Sud-Africain Cyril Ramaphosa accompagné du milliardaire américano-sud-africain Patrick Soon-Shiong a inaugurée mardi 18 janvier 2021 à Cape Town une usine de fabrication de vaccin anti-Covid d’une capacité de production annuelle de 1 milliard de doses d’ici 2025. Des installations similaires seront dupliquées en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Pour Prétoria, il s’agit de faire entrer l’Afrique « dans une nouvelle ère de la science médicale ».
Du nouveau dans l’univers industriel pharmaceutique africain. En Afrique du Sud, NantSA va produire 1 milliard de doses de vaccin anti-Covid par an d’ici 2025. L’usine a été officiellement lancée le lendemain mercredi à Cape Town par le président Cyril Ramaphosa et le milliardaire Patrick Soon-Shiong, l’homme à l’origine de cette initiative. Cette installation nécessitera un investissement de quatre milliards de rands, dont 3 milliards d’investissement en capital et 1 milliard donné par la Chan Soon-Shiong Family Foundation. L’unité créera dans l’immédiat 400 à 600 emplois et les premières doses de vaccin devraient être disponibles courant 2022, selon les précisions du Dr Soon-Shiong en conférence de presse.
A suivre : le Botswana, le Ghana, le Kenya et l’Ouganda
Cette usine sud-africaine est la première d’une chaine industrielle qui devrait s’étendre ailleurs sur le continent. Dr Soon-Shiong a fait savoir qu’il s’agit d’« une chaîne d’usines qui ne sera pas uniquement mise en place en Afrique du Sud mais étendue au Botswana, au Ghana, au Kenya et en Ouganda », rapporte CapricornFM News. En d’autres termes, trois sous-régions du continent seront couvertes dans un premier temps : l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest.
Nouvellement créée, NantSA est la filiale sud-africaine de NantWorks, un conglomérat d’une dizaine d’entreprises, basé à Los Angeles et investi dans la biotechnologie, la bio-informatique, l’industrie du médicament, l’intelligence artificielle, le capital-risque et les médias. La multinationale, Dr Soon-Shiong l’a fondée en 2007.
L’inventeur de l’Abraxane s’attaque à la Covid-19
Natif de Port-Elisabeth -dans le Cap-Oriental- de parents immigrants chinois, Dr Patrick Soon-Shiong est un produit des écoles sud-africaine, canadienne et américaine. Il est diplômé en médecine de l’Université de Witwatersrand et de la British-Columbia University, et en chirurgie de transplantation de l’Université de Californie, Los Angeles. Bioscientifique de renom, il est l’inventeur d’Abraxane, un médicament connu pour son efficacité contre les cancers du poumon, du sein et du pancréas. Il est régulièrement présenté comme l’un des médecins les plus riches au monde.
A travers ce projet, Dr Soon-Shiong concrétise une promesse d’investissement faite à l’Afrique du Sud en septembre dernier. Concernant la méticuleuse question des brevets pour les vaccins qui seront développés dans l’unité de CapeTown et ailleurs, le scientifique américano-sud-africain soutient que NantSA « pourra faire ce qui doit être fait au nom de l’Afrique du Sud et de l’Afrique ».
« L’Afrique est prête »
Près de deux ans après l’apparition de la maladie à coronavirus sur le continent africain et dans un contexte mondial de vaccination générale sur fond d’apparition de nouveaux variants (dont récemment Omicron au pays de Nelson Mandela), l’Afrique fait encore face à une pénurie de vaccins. Depuis l’été dernier, trois pays uniquement en produisent. L’Egypte (à travers le groupe pharmaceutique local Vacsera) et l’Algérie (à travers l’industriel pharmaceutique public Saidal) produisent le vaccin du chinois Sinovac, tandis qu’en Afrique du Sud, Aspen fait du Johnson & Johnson. L’Allemand BioNTech a, pour sa part, récemment annoncé le lancement prochain de deux usines de production de vaccin au Sénégal et au Rwanda. D’autres pays du continent comme le Maroc ont également annoncé des projets de fabrication de vaccin.
Pour le président Ramaphosa, cette initiative de fabrication du vaccin anti-Covid représente « une étape importante dans la marche en avant de l’Afrique vers la santé, le progrès et la prospérité » et « fait partie d’une initiative beaucoup plus large visant à propulser l’Afrique dans une nouvelle ère des sciences de la santé ».
« L’Afrique ne devrait plus être la dernière à accéder aux vaccins contre les pandémies. », a déclaré Cyril Ramaphosa.
« C’est entre les murs de cette usine, à travers les réseaux qui se construisent, à travers les compétences avancées qui sont développées et à travers les autres initiatives à travers notre continent, que notre vision de la fabrication de vaccins, de diagnostics et de médicaments en Afrique prendra progressivement forme », a-t-il poursuivi avant d’ajouter :
« L’Afrique est prête à entrer dans une nouvelle ère de la science médicale. Elle est prête à assumer la responsabilité de la santé de ses habitants, à mieux comprendre les maladies qui les affligent et à développer les moyens de gérer celles-ci. L’Afrique est prête à contribuer à la recherche et aux connaissances scientifiques mondiales et à développer des traitements, des diagnostics et des vaccins qui serviront l’humanité ».
Pour davantage marquer la portée panafricaine de cette initiative industrielle, le président Ramaphosa et Dr Soon-Shiong ont également lancé la Coalition pour accélérer l’accès de l’Afrique aux soins de santé avancés. Celle-ci vise à stimuler le développement de thérapies innovantes et permettre au continent de faire face aux futures pandémies.