(BFI) – Samedi 2 juin 2023, le président de la République, Paul Biya (photo), a signé une ordonnance modifiant la loi de finances 2023 qui devrait être adoptée au cours de la session parlementaire en cours. Ce texte fait passer le budget 2023 de l’État de 6345,1 à 6726,9 milliards de FCFA, soit une hausse de 381,8 de FCFA. Selon le document, le budget général augmente de 367,7 milliards de FCFA et celui des comptes d’affectation spéciale progresse de 14,1 milliards de FCFA.
Cette révision de la loi de finances est intervenue quelque temps après que le gouvernement ait décidé sur des recommandations insistantes du Fonds monétaire international (FMI) de réduire l’enveloppe budgétaire destinée aux subventions des carburants au motif qu’elles bénéficieraient davantage aux groupes sociaux les mieux nantis. Dans cette logique les ressources économisées à la suite de cette initiative, pourraient être investies pour le développement social et au profit des populations.
Mais la diminution de la subvention des hydrocarbures s’est traduite par une hausse des prix au sein de l’économie, qui faisait déjà face à une inflation inhabituelle pour la zone Cemac (plus de 6%). Dans le but d’atténuer l’impact de ce choc, le gouvernement a décidé de relever le salaire minimum garanti et la rémunération des personnels de l’État. Jusque-là on ignorait si ces deux mesures entraîneraient une hausse ou une réduction des prévisions de dépenses.
Pour Investir au Cameroun, la hausse actuellement constatée apporte une réponse à cette interrogation, mais il n’est pas certain que le réaménagement du budget profite essentiellement aux plus pauvres. La partie des dépenses qui a connu la plus forte hausse est celle relativement au remboursement des dettes. Elles augmentent de 308,2 milliards de FCFA pour atteindre 1962 milliards de FCFA, soit 30% du budget général révisé (6 642,5 milliards de FCFA).
Cumulés ensemble, les dépenses de personnel additionnelles (+55 milliards de FCFA) et les transferts supplémentaires aux ménages (+125,3 milliards de FCFA) ne font qu’un bénéfice supplémentaire direct de 180,3 milliards de FCFA. Par ailleurs, le budget révisé prévoit aussi une baisse des dépenses courantes et des dépenses en capital de près de 100 milliards. Si ces charges sont souvent perçues comme une source de « gabegies » par certains citoyens, elles sont aussi un mode d’allocation des ressources par le gouvernement et leur suppression peut avoir des conséquences sur l’activité économique de ceux qui en dépendent.
Enfin de compte, la loi des finances modifiée ne montre pas clairement comme les subventions sur les prix des carburants ont été impactées ni le gain net pour les ménages les plus pauvres. En revanche, le marché de la dette lui est le principal gagnant de ce réaménagement. En plus de faire l’objet de remboursements supplémentaires, le gouvernement prévoit de réaliser 200 milliards de FCFA de nouveaux emprunts. Avec des intérêts qui sont en hausse, cela constitue des opportunités de revenus supplémentaires pour les investisseurs.