(BFI) – Mardi 10 novembre, le groupe Orange a annoncé le lancement Djoliba, présenté comme le 1er backbone panafricain, à l’occasion du Salon international AfricaTech Festival. Grâce à ce réseau sécurisé multinational, Orange sera en mesure de servir près de 330 millions d’habitants dans 8 pays d’Afrique de l’Ouest. Cette infrastructure devrait stimuler l’économie digitale locale, tout en accélérant la connectivité de la région avec le reste du monde…
« BAFO », l’acronyme de « Backbone africain en fibre optique », annoncé en novembre 2019, revient sous une nouvelle dénomination. C’est finalement sous le nom de Djoliba, (le « fleuve Niger » en langue mandingue) qu’a été lancé le backbone ouest-africain, mardi dernier. L’infrastructure déployée par le groupe Orange, s’est appuyée sur un réseau de fibres optiques terrestres associé à des câbles sous-marins, pour élaborer une connectivité sécurisée de l’Ouest du continent vers l’international. Elle permettra également de répondre aux besoins grandissants enregistrés depuis plusieurs années dans la région. « Le nombre de personnes connectées n’est que de 350 millions sur 1.3 milliard d’habitants en Afrique, mais ce chiffre progresse rapidement. Il est vingt fois plus élevé qu’il y a quinze ans, même si les inégalités demeurent importantes » soulignait Alioune Ndiaye, le directeur général d’Orange Middle East and Africa, le 10 novembre en conférence de presse. « Ce backbone a été réalisé en moins de 2 ans, ce qui représente un exploit au regard des difficultés que nous avons rencontrées » s’est peu après, félicité Jérôme Barré, le CEO d’Orange Wholesale & International Networks.
Djoliba bénéficie d’un centre de supervision et couvre actuellement le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Nigeria et le Sénégal. Exploitée par des équipes locales basées à Dakar qui en assurent la maintenance, Djoliba dispose également d’équipes de supervision en mode 24/7 depuis les Etats-Unis, l’Inde et la France et sa commercialisation est assurée par les différents partenaires du consortium (SONATEL, Orange International Carriers, Orange Burkina Faso, Orange Mali et Orange Côte d’Ivoire).
Jusqu’à présent, il n’existait pas de réseau transfrontalier de télécommunications aussi, pour fournir un service entre deux capitales, les opérateurs devaient intégrer les offres de différents fournisseurs et interconnecter plusieurs réseaux aux points frontières. Avec plus de 10 000 km de réseau terrestre à fibres optiques, couplé à 10 000 km de câble sous-marin, Djoliba propose désormais des offres à très haut débit (jusqu’à 100 Gbit/s) et 99,99% de taux de disponibilité. Le backbone couvre 16 points de présence avec un maillage de 155 sites techniques, et relie 300 points de présence en Europe, en Amérique et en Asie. Enfin, Djoliba s’appuie sur le réseau Tier 1 d’Orange qui permet une « connexion sans couture » (sans interruption) avec les réseaux internationaux du groupe. A travers cette transmission très haut débit, les clients du réseau accéderont aux plateformes du groupe et à toutes les offres qu’il propose sur le continent (transit IP, plateformes de services mobiles, hébergement dans les data centers Orange en Afrique, VPN,…).
Un backbone déjà en phase d’expansion ?
« Orange participe activement au développement des infrastructures sous-marines et terrestres, qui permettent la transformation numérique du continent Africain, en investissant chaque année 1 milliard d’euros. Avec Djoliba, les populations locales vont pouvoir accéder encore plus facilement à des services de santé ou d’éducation, ainsi qu’aux usages offerts par le cloud computing », a rappelé Alioune Ndiaye, mardi dernier. En effet, le backbone vient renforcer la stratégie du groupe qui accompagne déjà de nombreux projets de connectivité sur le continent, du câble ACE (le câble sous-marin Africa Coast to Europe reliera à terme 24 pays africains et 400 millions de personnes) à Main One to Africa (câble sous-marin de 7 000 km reliant le Portugal au Nigeria), en passant par le consortium 2 Africa composé notamment de Facebook, qui finance la construction du plus long câble sous-marin du monde sur 37 000 km (avec une mise en service prévue d’ici 2024, le câble fera le tour de l’Afrique).
Emmanuel Rochas, directeur général d’Orange International Carriers est revenu quant à lui, sur « la prouesse technique », mais aussi sur l’optimisation des performances rendues possibles par Djoliba. « Nous l’avons conçu grâce aux technologies les plus innovantes pour garantir une expérience client plus simple, plus rapide et plus fiable. C’est un guichet unique pour accéder à un réseau couvrant huit pays avec un seul fournisseur, un seul interlocuteur, une seule offre, un seul contrat, une seule facture et enfin, un seul service client. Avec Djoliba, il n’y a plus de perte de temps grâce à des processus optimisés », a-t-il souligné.
En décembre 2019, le Groupe présentait son nouveau plan stratégique « Engage 2025 » qui a mis « l’exemplarité sociale et environnementale », au cœur de sa stratégie. Cette orientation devrait s’accompagner d’un renforcement de la présence du groupe sur les territoires porteurs de croissance, plaçant la data et l’intelligence artificielle (IA) au cœur de son modèle d’innovation, et notamment en Afrique, où il est déjà présent dans 18 pays et où il compte plus de 120 millions de clients. Djoliba est d’ailleurs appelée à grandir selon Jérôme Barré. « Nous voulons faire en sorte que la connectivité africaine soit ouverte au reste du monde. C’est important de maintenir ce principe d’ouverture, soit par une extension, soit par des interconnexions avec d’autres réseaux », conclut-il, précisant que le groupe réfléchissait d’ores et déjà à étendre le backbone à deux nouveaux pays.