(BFI) – Le groupe agroalimentaire Nestlé a annoncé le 16 janvier un investissement de 1,8 milliard d’euros pour soutenir le recyclage chimique des plastiques et remplacer un tiers du plastique vierge dans ses emballages par leur équivalent recyclé à horizon 2025.
Le groupe Nestlé veut davantage de plastique recyclé dans l’emballage de ses produits alimentaires. Il lui faut pour cela trouver les volumes nécessaires de résines recyclées certifiées pour le contact alimentaire, dont l’offre peine à se développer. « Aujourd’hui, l’offre de plastiques recyclés aptes au contact alimentaire ne couvre pas la demande« , précise Christoph Meier, porte-parole du groupe agroalimentaire suisse. Constatant cet état de fait, Nestlé a annoncé le 16 janvier son intention d’investir 2 milliards de francs suisses (un peu plus de 1,8 milliard d’euros) pour accélérer la création de ce marché.
Trois résines sont recherchées : le polyéthylène téréphtalate (PET), qui compose la majorité des bouteilles d’eau, de jus et soda ; le polypropylène (PP), utilisé notamment pour la production des bouchons ; et le polyéthylène (PE) qu’on retrouve, par exemple, dans les films de regroupement. Les volumes disponibles concernant ces deux dernières résines sont particulièrement faibles.
Pour obtenir les précieuses ressources, le groupe compte sur des partenaires pétrochimistes, dont les noms sont confidentiels, avec lesquels il signera prochainement des contrats à long terme. Le procédé de recyclage chimique a été choisi pour sa capacité revenir aux molécules d’origine, ce qui garantit à l’industriel et aux consommateurs une qualité et une sécurité alimentaire identiques à celles de la matière vierge. Les produits seront destinés à l’ensemble de ses marchés, à l’exception de quelques pays comme la Chine, la Thaïlande et une partie du Brésil qui ne reconnaissent pas la qualité de ces plastiques.
Un engagement sur deux millions de tonnes jusqu’à 2025
En 2018, sur 1,7 million de tonnes de plastiques utilisées par le groupe dans le monde, seulement 2% étaient issus du recyclage, soit 300 000 tonnes environ. « Aujourd’hui, notre objectif est de remplacer un tiers de nos plastiques vierges par de la matière recyclée sur les cinq prochaines années« , précise le représentant de Nestlé.
En l’absence de volumes disponibles, le groupe lance donc la dynamique et enjoint ses concurrents à apporter leur pierre à l’édifice. « Nous prenons des mesures audacieuses pour créer un plus grand marché des plastiques recyclés destinés à conditionner les aliments. Nous invitons chacun à nous rejoindre dans notre action », déclare Mark Schneider, administrateur délégué de Nestlé.
D’ici à 2025, le groupe s’engage à acheter jusqu’à deux millions de tonnes de matières recyclés aptes au contact alimentaire. Il annonce aussi accompagner ses partenaires dans le développement des capacités nécessaires, en leur allouant une prime de 1,5 milliard de francs suisses (1,4 milliard d’euros). Un investissement qui ne se répercutera pas sur le consommateur final, assure Christoph Meier.
Start-ups, institut de recherche sur l’emballage… innovations tous azimuts
L’innovation pour des emballages durables représente une autre priorité de ce plan. Le groupe a créé un fonds de capital-risque d’un montant de 250 millions francs suisses (233 millions d’euros environ) destiné à accompagner des starts-up prometteuses. Nestlé avait par exemple investi, courant 2019, dans la solution Loop du recycleur Terracycle à travers le développement d’emballages spécifiques pour ses glaces Häagen-Dazs.
D’autres investissements dans des entreprises innovantes suivront ces prochaines années. « Nous nous engageons pour stimuler l’innovation dans le secteur de l’emballage », revendique Mark Schneider. Recherche de nouveaux matériaux, de systèmes de recharge sont quelques-unes des pistes suivies par Nestlé qui a ouvert, en septembre 2019, un institut de recherche sur l’emballage.
Une année d’émissions de carbone en moins
En remplaçant un tiers de sa matière vierge par son équivalent recyclé, le groupe affiche son engagement environnemental, anticipe l’évolution de la réglementation sur l’intégration de matières recyclées et réduit son empreinte carbone de « l’équivalent de l’activité de nos 400 usines dans le monde pendant un an« , précise Christoph Meier. Une initiative en droite ligne avec l’engagement de Nestlé de respecter l’objectif européen de neutralité carbone (zéro émission nette de gaz à effet de serre) d’ici 2050.