(BFI) – La banque sud-africaine Nedbank, l’un des principaux groupes bancaires sud-africains, a confirmé être en négociations avancées pour céder sa participation de 21,22 % dans Ecobank Transnational Incorporated (ETI). Ce retrait mettrait un terme à un partenariat stratégique amorcé en 2008 et concrétisé par une entrée au capital en 2014, à hauteur de 500 millions de dollars américains.
Ce désengagement s’inscrit dans un mouvement global de recentrage observé chez plusieurs banques africaines et internationales. Il reflète également une réévaluation des investissements engagée sous l’impulsion de Jason Quinn, PDG de Nedbank depuis 2024, avec pour objectif affiché : consolider les activités du groupe en Afrique australe.
« Nous finalisons une revue stratégique de notre investissement financier dans ETI », a déclaré le directeur général de Nedbank, Jason Quinn, précisant que les derniers échanges avec les investisseurs montraient un « fort soutien à une cession si celle-ci devait avoir lieu ».
Pour Ecobank, ce retrait pourrait entraîner une recomposition de son actionnariat, actuellement dominé par la Qatar National Bank (20,10 %), Arise BV (14,10 %) et la Public Investment Corporation d’Afrique du Sud (13,48 %). L’éventuelle entrée d’investisseurs panafricains, davantage alignés sur les priorités continentales, pourrait déboucher sur une recapitalisation stratégique.
Le partenariat entre Nedbank et ETI remonte à 2008 et visait à renforcer les synergies bancaires entre l’Afrique australe et francophone, notamment via le réseau étendu d’Ecobank en Afrique de l’Ouest et centrale. Avec plus de 1 500 agences dans 35 pays, l’alliance Ecobank-Nedbank est le plus grand réseau bancaire d’Afrique.
Souveraineté financière
Cette annonce s’inscrit dans un mouvement plus large de retrait progressif d’institutions financières internationales du continent. BNP Paribas, Société Générale ou Standard Chartered ont, ces dernières années, cédé ou réduit leur présence en Afrique subsaharienne.
La sortie potentielle de Nedbank pourrait ouvrir la voie à une prise de contrôle accrue par des capitaux africains, dans la lignée des appels à la souveraineté financière lancés par des institutions comme la Banque africaine de développement et Afreximbank.
Fondée en 1985, et présente dans 33 pays d’Afrique subsaharienne ainsi qu’en France, Ecobank joue un rôle central dans le financement du commerce régional et l’inclusion financière. Une mutation de son actionnariat pourrait repositionner la banque face à une concurrence africaine de plus en plus agile et innovante.
Paul Nkala