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Monnaie : Standard & Poor’s s’exprime sur l’adoption de l’éco

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(BFI) – L’abandon du franc CFA au profit de l’éco soulève plusieurs questions. L’agence de notation américaine s’est penchée sur sa concrétisation.

L’année 2020 sonnera-t-elle comme une petite révolution économique en Afrique ? Outre l’établissement de la Zone de libre-échange continentale (Zlec), une partie du continent s’apprête en effet à changer de monnaie. Le franc CFA, en vigueur depuis plus de 70 ans, vit ses derniers instants. Il devrait bientôt être remplacé par l’éco, le nom choisi pour la future monnaie unique des 15 pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

À l’annonce de son lancement prochain par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron en décembre dernier, les réactions sont mitigées. Beaucoup encensent la fin annoncée de la devise dont le fonctionnement, établi en 1945 dans une Afrique encore colonisée, était controversé. Mais d’autres, en revanche, redoutent une décision politique, pour le symbole, sans profond changement. D’un point de vue strictement technique, que signifie la fin du franc CFA ? Une étude publiée par l’agence de notation financière Standard & Poor’s (S & P) livre quelques réponses.

Pas d’incidence sur les notes souveraines

Le fait que l’éco reste arrimé à l’euro, comme le franc CFA, et que la France continue à garantir sa convertibilité rassurent les analystes de S & P, tout comme les investisseurs. En somme, le lancement de la nouvelle monnaie n’aura « pas d’effets immédiats » sur ses « notations souveraines » de la zone UEMOA. En effet, ces garanties ont « longtemps soutenu la confiance dans la monnaie », explique l’étude, permettant de contenir l’inflation, même lors de périodes de crises politiques ou de chocs de prix sur le marché des matières premières, contrairement à de nombreux autres pays d’Afrique subsaharienne.

Autre élément analysé par l’agence américaine, les réserves de change. En effet, « les États membres de l’UEMOA ne seront plus tenus de conserver la moitié de leurs réserves de change sur un compte d’opération au Trésor français. Autrement dit, la banque centrale régionale, la BCEAO, pourra gérer ses réserves de changes comme elle le jugera approprié », rappelle l’étude. Un changement de paradigme qui, là non plus, n’inquiète pas outre mesure les experts. « Malgré ces modifications, nous comprenons que l’objectif principal de la garantie de convertibilité, à savoir le taux de change fixe [1€/655,96XOF], sera maintenu », affirment-ils. C’est pourquoi nous estimons que cette réforme ne devrait pas avoir d’effet immédiat sur nos notations souveraines. »Si les analystes sont donc globalement optimistes, ils livrent tout de même une analyse de la situation en cas de dévaluation. Même si celle-ci n’est « pas à l’ordre du jour », rappellent-ils. Pour mieux comprendre, une carte a été mise en place, ainsi qu’un classement qui permet, à partir de critères tels que le niveau d’endettement, les données budgétaires ou encore l’inflation, de mieux percevoir les risques à plus ou moins long terme.Ainsi, si une dévaluation avait lieu, « les plus grandes économies de l’UEMOA, la Côte d’Ivoire et le Sénégal – qui comptent pour 40 et 20 % du PIB de la zone –, seraient les plus exposées ». Pour éviter ce scénario, S & P préconise « une discipline budgétaire et une politique économique forte, passant notamment par un renforcement du cadre institutionnel ».

Le Nigeria, ce poids lourd de la région

Plusieurs fois soulevée, l’idée d’une monnaie commune à tous les pays de la zone n’a pourtant toujours pas vu le jour. Une situation qui pourrait perdurer. Dans son étude, S & P confirme : le projet est « peu probable à moyen terme ». En cause ? La décision d’Abuja de fermer ses frontières terrestres avec ses voisins, le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Un choix lourd de conséquences. Car « le PIB nigérian représente environ les deux tiers du PIB de la Cedeao [670 milliards de dollars] et est plus de trois fois plus important que celui de l’UEMOA [130 milliards de dollars] », explique S & P.Autre obstacle, l’incapacité de certains pays à remplir les critères de convergences nécessaires à la création d’une monnaie unique. Parmi eux, un taux d’inflation inférieur à 10 % et un déficit budgétaire en deçà de 3 % du PIB. « Aujourd’hui, seuls le Cap-Vert, la Guinée et sept des huit membres de l’UEMOA respectent ces deux critères », souligne S & P.

Rédaction
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