(BFI) – L’Afrique du Sud accueillait ce mois de mars, la conférence annuelle du Mining Indaba, grand rassemblement des acteurs du secteur minier africain, dans la ville du Cap. Sujet phare des discussions : les métaux qui seront essentiels pour assurer la transition énergétique et les technologies vertes. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande en lithium, cobalt, et autres minéraux clés pourrait être multipliée jusqu’à six d’ici 20 ans.
Malgré une baisse ces dernières années des investissements pour l’exploration sur le continent, les experts sont confiants de voir la tendance s’inverser, étant donné l’appétit pour les minerais essentiels à la transition énergétique.
Colin Hamilton est analyste des matières premières pour BMO Capital Markets. Pour lui, « la sécurité d’approvisionnement est cruciale. Et l’Afrique dispose de formidables ressources géologiques qui sont convoitées, que ce soit par le Japon, la Chine, les États-Unis, l’Europe », explique l’analyste. « On pense avant tout au cobalt, au lithium, au nickel, mais aussi au cuivre, bien sûr, qui est exploité depuis longtemps : l’Afrique a toujours eu de bonnes ressources en cuivre. Et ces 20 dernières années, la plus grande partie s’en va en Chine. Il y aura donc des tentatives pour que cela soit redirigé vers les économies des pays développés », poursuit Colin Hamilton.
Avoir une chaîne d’approvisionnement plus diversifiée
Les États-Unis, particulièrement présents lors de ce Mining Indaba, ont fait savoir leur intérêt. Jenna Diallo est directrice régionale à Johannesbourg de l’investissement pour « Prosper Africa », une initiative américaine qui entend renforcer la coopération avec le continent :
« Avec la transition énergétique, les États-Unis et le monde entier ont besoin de plus grandes quantités de ces minerais cruciaux », affirme Jenna Diallo. « Et avec les récents événements, à savoir le Covid et la guerre en Ukraine, nous cherchons tous à avoir davantage de portes d’accès et une chaîne d’approvisionnement plus diversifiée », ajoute-t-elle. « Nous pensons qu’une augmentation des échanges et des investissements sera non seulement bénéfique pour les affaires des deux côtés, mais aussi pour le développement du continent africain. »
Tous les acteurs du secteur mettent désormais en avant leurs «ESG», les critères environnementaux, sociaux, et de gouvernance, pour promettre que le développement minier africain se fera dans de bonnes conditions.
Développer le secteur de la transformation sur le continent africain
Mais pour éviter une nouvelle malédiction des ressources premières, il faudra veiller à ce qu’ils soient vraiment appliqués selon Boubacar Bocoum, spécialiste des mines pour la Banque mondiale :
« Tout cela doit se faire en sorte que les opérations se passent normalement, mais aussi faire en sorte que les revenus soient payés comme cela est dû, et comme cela est prévu dans les conventions », souligne Boubacar Bocoum. « Donc, ça ne se fera pas naturellement, cela demande que les États se mobilisent pour saisir l’opportunité mais aussi pour faire en sorte que tous les bénéfices qui sont attendus soient effectivement réalisés. »
Et pour cela, de nombreux pays africains comptent sur une amélioration de leur chaîne de transformation de ces minerais stratégiques, une filière pour l’instant principalement entre les mains de la Chine.