(BFI) – En Afrique, au terme de l’année 2018, les primes collectées par les sociétés d’assurance ont affiché une progression correcte comparée à celle de 2016. Cependant, les niveaux atteints restent en dessous du potentiel et des attentes du marché.
L’activité d’assurance a connu une évolution assez fébrile entre 2010 et 2018 en Afrique, malgré la hausse des risques de toutes sortes et une solide évolution de l’activité économique qui n’est compromise cette année 2020 que du fait du coronavirus. Selon un récent rapport d’analyse publié par la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF), les primes collectées par les entreprises du secteur ont été de 68,4 milliards $ dans la région en 2018.
Cette performance est en progression de 5 % comparée à celle de 2017. Toutefois, c’est un niveau relativement faible, si on le compare au pic de primes d’une valeur globale de 81,4 milliards $ collectés en 2008 et qui n’a plus été dépassé depuis lors. Cette progression fébrile des sommes déboursées par les individus et les entreprises pour se prémunir des risques futurs ou pour épargner a de quoi surprendre.
Même si elle reste relativement épargnée par les grandes crises internationales, l’Afrique connaît son propre lot de risques et ils sont allés croissant sur la période. Les sécheresses récurrentes ont eu un gros impact sur les économies de l’Afrique de l’Est et australe, sans qu’un système de compensation des producteurs agricoles n’ait été mis en marche. Dans le même temps, on continue de voir s’accroître des risques notamment sanitaires.
La situation actuelle tend aussi à démentir les prévisions optimistes faites par des cabinets d’audit à la réputation établie. Dans un rapport d’enquête publié en 2016, Ernst & Young a mis en avant plusieurs facteurs susceptibles de permettre la croissance du secteur en Afrique : la forte croissance économique dans plusieurs pays du continent, un faible niveau de pénétration des produits d’assurance, la croissance rapide de la population et de la consommation, le rôle des technologies, et les fusions acquisitions qui devaient voir naître de gros acteurs du secteur susceptibles de couvrir plus de marges de manœuvre.
Si on compare le niveau des primes de 2018 à celui de 2016, on note une évolution de 15%. Mais cela reste modeste, car le marché a déjà prouvé sa capacité à générer des primes pouvant dépasser les 90 milliards $. De plus, vu la taille de l’Afrique et de certains pays qui la composent (Afrique du Sud, Angola, Nigeria, Kenya, Egypte, Maroc, ou encore Algérie), on devrait avoir des primes bien plus importantes.
Les relations entre le monde de l’assurance et celui des potentiels assurés continuent d’être empoisonnées par une faible qualité d’information. Les sociétés d’assurance ne parviennent pas toujours à réduire significativement le nombre de mauvaises déclarations de sinistres, tandis que les assurés eux doivent faire face à la complexité de l’exécution du contrat d’assurance.
La croissance économique attribuée à l’Afrique n’a pas été si inclusive. Dans la plupart des pays, notamment en Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud, le pourcentage des pauvres a reculé, mais le nombre de personnes en situation de pauvreté extrême ou précaire a augmenté. Cela réduit les opportunités de robustes croissances pour les sociétés d’assurance. Au-delà de la technologie, celles-ci devront être en mesure d’offrir des services innovants sur des marchés ou l’accroissement de la richesse n’impacte pas tout le monde.
Enfin, on peut relever le fait que les régulateurs n’ont pas beaucoup évolué. Prendre en compte des spécificités de l’assuré africain demande à être inventif et audacieux dans l’organisation et la gestion des filets de sécurité qu’offrent les services d’assurance. La covid-19 montre bien qu’au-delà de protéger les personnes, les sociétés d’assurance sont plus que jamais en première ligne pour fournir aux Etats, les ressources budgétaires en vue de répondre à la pandémie.
EcoFin