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L’Union africaine envisage de lancer une agence de notation financière panafricaine en 2024

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(BFI) – Plusieurs dirigeants africains estiment que les trois grandes agences de notation internationales « exagèrent le risque d’investissement en Afrique », et « renchérissent le coût des prêts » accordés aux pays du continent.  

L’Union africaine (UA) envisage de lancer une nouvelle agence de notation financière panafricaine afin de répondre aux préoccupations des pays du continent face aux évaluations « parfois arbitraires » des grandes agences internationales, a rapporté Reuters, mardi 12 septembre, citant un dirigeant de l’organisation continentale.

« L’agence, qui élaborera sa propre évaluation des risques liés aux prêts accordés aux pays africains, sera basée sur le continent et ajoutera un contexte aux informations que les investisseurs prennent en considération lorsqu’ils décident d’acheter des obligations ou d’accorder des prêts », a déclaré Misheck Mutize, expert principal sur les agences de notation financière auprès de l’UA.

« Le secteur privé est déjà très intéressé par la mise en œuvre de cette initiative », a-t-il ajouté, indiquant que l’objectif est de lancer la nouvelle agence de notation en 2024.

L’UA et les dirigeants de plusieurs pays africains comme le Ghana, le Sénégal et la Zambie, ont estimé à plusieurs reprises que les trois grandes agences de notation (Moody’s, Fitch et S&P Global Ratings) « n’évaluent pas équitablement le risque de crédit des pays africains », et qu’elles sont « plus promptes à les rétrograder lors de crises telles que la pandémie de Covid-19 ».

Alors qu’il assurait la présidence tournante de l’UA, le président sénégalais Macky Sall avait par exemple appelé, en mai 2022, à la création d’une agence de notation financière africaine pour « mettre fin aux injustices » subies par les pays du continent. « En 2020, alors que toutes les économies subissaient les effets de la Covid-19, 18 des 32 pays africains notés par au moins l’une des grandes agences d’évaluation ont vu leur notation dégradée. Ceci représente 56 % de notations dégradées pour les pays africains contre une moyenne mondiale de 31 % pendant la période », a-t-il expliqué.

« Des études ont montré qu’au moins 20 % des critères de notation des pays africains relèvent de facteurs plutôt subjectifs d’ordre culturel ou linguistique, sans lien avec les paramètres qui jaugent la stabilité d’une économie », a-t-il encore estimé, indiquant que « cela renchérit le coût du crédit accordé à nos pays ».

Moody’s, Fitch et S&P ont cependant nié toute partialité, affirmant que leurs notations « suivent la même formule d’un continent à l’autre ».

Mutize a par ailleurs indiqué que la nouvelle agence de notation financière vise à offrir plus d’un son de cloche aux investisseurs.

« Notre objectif n’est pas de remplacer les trois grandes agences. Nous avons besoin d’eux pour soutenir l’accès aux marchés des capitaux internationaux. Notre objectif est d’élargir la diversité des opinions », a-t-il souligné.  Et d’ajouter : « Nous savons que les trois grands suivent l’avis d’autres agences de notation plus petites. Elles ont reconnu que d’autres agences de notation plus petites ont un avantage dans la compréhension de la dynamique nationale ».

Rédaction
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