AccueilFinanceBourse« L'opportunité de la finance islamique est trop grande pour être ignorée » -...

« L’opportunité de la finance islamique est trop grande pour être ignorée » – Ismael Adam Cissé

-

(BFI) – La finance islamique en Afrique, suivant les principes de la Charia, si elle bénéficie d’un véritable soutien des acteurs africains, notamment les pouvoirs publics, a la potentialité d’offrir un nouvel espoir pour le financement des besoins croissants du continent. Des institutions comme Sirius Capital ont déjà mis le pied à l’étrier.

Le récit des défis financiers de l’Afrique n’est ni nouveau ni isolé. Avec une population croissante, une urbanisation en hausse, et un déficit accru de développement des infrastructures, les besoins financiers du continent sont colossaux. Les sources de financement traditionnelles ont souvent été insuffisantes pour répondre à ces besoins, ouvrant la porte à des solutions innovantes. Territoire encore peu exploré, la finance islamique, comme un exemple d’innovation financière, ouvre des horizons nouveaux au continent. 

La finance islamique en Afrique, un potentiel encore inexploré

La finance islamique suit les principes de la Charia, interdisant les pratiques usuraires et exigeant un investissement éthique. Selon la livraison 2022 du rapport IFDI (Islamic Finance Development Indicator) de l’ICD-Refinitiv, l’industrie mondiale de la finance islamique –  banques islamiques, marchés de capitaux, notamment les sukuks  et TAKĀFUL, l’assurance islamique –  pèse plus de 4 000 milliards $.

Ce chiffre devrait augmenter pour atteindre 6 000 milliards de dollars d’ici 2026. Une augmentation projetée de 50 % en quatre ans qui indique non seulement une croissance solide, mais aussi un intérêt grandissant pour les produits financiers conformes à la charia, stimulé par divers facteurs, notamment une meilleure compréhension des produits financiers islamiques et une augmentation de la demande provenant de populations musulmanes en croissance rapide. Or, l’Afrique abrite environ plus de 15 % de la population musulmane mondiale.  Malgré ce potentiel, le continent ne représente encore que moins de 2 % de l’industrie mondiale de la finance islamique, selon les statistiques qui lui sont les plus favorables. 

Sur un continent, où le besoin annuel de financement d’infrastructures dépasse les 100 milliards de dollars et où presque la moitié des 40 millions de PME manquent d’accès au crédit, la finance islamique pourrait trouver terreau fertile pour son expansion.

Selon le FMI, à peine 15 à 20 milliards de dollars de crédits sont alloués chaque année aux PME en Afrique subsaharienne, un chiffre bien en deçà du besoin réel estimé à plus de 145 milliards de dollars. Par ailleurs, plus de 350 millions de personnes sur le continent demeurent sans compte bancaire. La faible pénétration de la banque de détail, qui a pourtant été le moteur de l’essor des services bancaires islamiques en Asie et dans les États du Golfe, apparaît également comme une source d’opportunités.

Quelques pays comme le Soudan, le Nigeria, la Tunisie et l’Afrique du Sud accueillent déjà des institutions financières islamiques, mais le secteur demeure largement inexploité sur le continent. Les statistiques de Moody’s indiquent que les actifs bancaires islamiques en Afrique ne forment que 2 % des actifs bancaires islamiques mondiaux et moins de 10 % des actifs bancaires domestiques traditionnels dans la plupart des pays du continent. Les exceptions notables sont le Soudan, où le système bancaire est entièrement conforme à la charia, et Djibouti, où près d’un quart des actifs bancaires sont islamiques.

Il apparaît donc manifeste que l’Afrique dispose d’un potentiel conséquent pour le développement de la banque islamique et d’autres instruments de la finance islamique, qu’il s’agisse de fintech, de leasing, de microfinance, d’assurance islamique ou même de sukuks, y compris les sukuks verts. Et la plupart des projections convergent vers cette conclusion. Le secteur a un fort potentiel de croissance, notamment en raison de la présence significative de populations musulmanes sur le continent. Elle est estimée à environ 530 millions de personnes, ce qui constitue environ 40% de la population totale du continent. Les opportunités pour la finance islamique en Afrique sont donc considérables, comme le souligne d’ailleurs Moody’s.

Sur le front des obligations par exemple, les sukuks commencent à s’imposer comme une option viable de financement en Afrique, même si la trajectoire a été légèrement freinée par la crise sanitaire de la Covid-19. D’après Standard Chartered Bank, le volume total des émissions de sukuks en Afrique de 2001 à 2021 a atteint 25,3 milliards de dollars, ce qui ne représente seulement que 1,55 % du marché mondial des sukuks. Le Soudan se distingue comme le principal émetteur de sukuks sur le continent, suivi par d’autres pays tels que l’Afrique du Sud, le Sénégal, la Gambie, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Maroc et le Mali.

Les défis et solutions pour une adoption élargie

En tant qu’acteur financier essentiel dans le domaine, Sirius Capital est en première ligne pour faciliter l’accès des États africains à la finance islamique via la levée de sukuks. Ayant déjà démontré son savoir-faire en co-dirigeant avec la Société Islamique de Développement du secteur privé (SID), membre du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID), l’émission d’un sukuk de 150 milliards FCFA pour l’État du Mali en 2018, Sirius Capital est plus que jamais investi dans cette voie.

Au moment où les sukuks s’établissent de plus en plus comme une alternative viable aux instruments de financement classiques, en particulier pour le développement d’infrastructures, le rôle de sociétés de gestion d’investissement (SGI) comme Sirius Capital prend une importance accrue. Leur expertise pourrait servir de catalyseur dans l’élargissement de l’adoption de la finance islamique sur le continent africain.

Si la voie vers une adoption plus généralisée de la finance islamique en Afrique est loin d’être dépourvue d’obstacles, les défis sont à la mesure des opportunités : colossaux. L’adaptation des cadres réglementaires et des exigences légales, ainsi que le développement d’une expertise locale, ne sont pas des tâches triviales. Elles demandent un effort coordonné entre les gouvernements, les régulateurs et les institutions financières. L’éducation des populations sur ces produits financiers éthiques est également cruciale; une population informée est mieux placée pour exiger des services financiers qui correspondent à ses besoins et à ses valeurs.

Il est temps pour les parties prenantes de prendre des mesures audacieuses. Les gouvernements africains doivent créer un environnement réglementaire plus favorable à la finance islamique, à commencer par une révision des lois bancaires et des codes d’investissement. Les institutions financières, pour leur part, doivent investir dans la formation et le développement de produits financiers islamiques qui répondent aux besoins spécifiques de la population africaine. Enfin, les organisations de la société civile et les médias ont un rôle à jouer dans l’éducation financière du public et la démystification de la finance islamique.

L’Afrique est à un point d’inflexion. Avec une population jeune, une urbanisation galopante et un besoin criant de financement pour le développement, elle est mûre pour une révolution financière. Et la finance islamique, avec son alignement sur les valeurs éthiques et religieuses pour un peuple de foi, sa capacité à mobiliser des investissements étrangers et son potentiel pour financer des projets d’infrastructure à grande échelle, pourrait bien être l’outil qui permettra à ce continent de réaliser son immense potentiel.

Il n’est plus question de se demander si la finance islamique a un rôle à jouer en Afrique. La question est de savoir comment nous allons collectivement agir pour faire de ce potentiel une réalité palpable. L’enjeu est trop grand pour être ignoré.

Qui est Ismael Adam Cissé ?

Ismaël Adam Cissé, directeur général de Sirius Capital, est un fin connaisseur des marchés financiers. Après un début de carrière en banque d’affaires, il s’est distingué comme un acteur majeur sur la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Titulaire de plusieurs diplômes prestigieux, dont un Executive MBA de l’université Paris-Dauphine et un DESS en affaires internationales de McGill, il se lance dans Sirius Capital avec une équipe jeune et dynamique. Ismael incarne une nouvelle génération de financiers en quête de changement et d’innovation.

Rédaction
Rédaction
Média multi-support édité par l’Agence Rhéma Service, cabinet de communication et de stratégie basé à Douala, Business & Finance International regroupe des partenaires internationaux issus du monde des médias, des affaires et de la politique, mus par la volonté de fournir une information vraie, crédible et exploitable pour un investissement sûr en Afrique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici