(BFI) – Les pays de l’Opep ont décidé de réduire de 100 000 barils par jour leur production de pétrole face à la baisse des prix du baril lié aux craintes de la récession mondiale. Cette décision est une première depuis plus d’un an, après les coupes drastiques de la production effectuées à la suite de la pandémie.
Les représentants des treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), conduits par l’Arabie Saoudite, et leurs dix alliés emmenés par la Russie, ont convenu de « revenir aux quotas du mois d’août », soit une baisse de 100 000 barils comparé à septembre, a annoncé dans un communiqué l’alliance basée à Vienne.
Tout de suite après cette annonce, le baril de Brent de la mer du Nord a pris plus de 3% à 96,40 dollars. On voit clairement que l’Alliance vise à maintenir les prix élevés. Mais le moment est mal choisi, car les marchés sont très fébriles en ce moment, estime Alexandre Baradez, responsable des analyses de marché chez IG France. « Il y a un phénomène malheureusement de timing qui n’est pas bon, parce que cela fait suite à un week-end où la Russie a annoncé suspendre les livraisons de gaz via Nord Stream, ce qui est logique depuis le début en tant que positionnement, analyse l’expert interrogé par RFI. Mais le problème, c’est que l’Opep prend cette décision au moment où, lundi, les marchés de matières premières rouvrent. Et donc, il y a aussi une tension qui est apparue dès ce matin à nouveau sur les prix du gaz en Europe et globalement sur l’ensemble des matières premières liées à l’énergie, sachant que 100 000 barils par jour, ce n’est pas non plus une réduction drastique. »
Baisse « symbolique »
Le groupe, qui se réunissait par visioconférence, laisse la porte ouverte à de nouvelles discussions avant la prochaine rencontre du 5 octobre, « pour répondre si nécessaire aux développements du marché ». Au fil de ses rendez-vous mensuels, l’Opep résiste aux appels des Occidentaux pour ouvrir plus largement ses vannes.
Cette baisse n’est pas une réelle surprise après les murmures de ces dernières semaines. Pour Alexandre Baradez, « elle est comme symbolique dans la mesure où ça interroge aussi sur les capacités de demande en fait de l’économie mondiale : les questions liées à la géopolitique évidemment, aux restrictions des politiques monétaires de la part des banques centrales, la question des confinements en Chine. Finalement, cette baisse de la production de pétrole peut aussi être perçue comme un signe d’anticipation de l’Opep, que la demande pourrait faiblir liée à un ralentissement économique mondial ».