(BFI) – Du 12 au 14 mai 2025, la capitale togolaise accueille la Conférence de l’Union africaine sur la dette, placée sous le thème : « L’Agenda africain de gestion de la dette publique : restaurer et préserver la viabilité de la dette ».
Même si le ratio moyen dette/PIB de l’Afrique devrait baisser à 60% en 2025, le continent fait face à une crise de la dette grandissante. D’après le Cadre de Viabilité de la Dette ( CVD) récemment publié par le FMI et la Banque Mondiale, le nombre de pays africains en situation de détresse liée à la dette, ou à haut risque de surendettement, est passé de 9 en 2012 à 25 en 2024. Cette flambée constitue un défi de taille, puisque l’augmentation des coûts de la dette accapare de manière excessive les ressources publiques essentielles au développement.
Cette rencontre stratégique qui réunit des ministres des Finances, des banquiers centraux, des experts économiques, ainsi que des représentants des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, BAD) et des partenaires au développement, a pour objectif de définir une approche commune et durable face aux défis croissants de l’endettement sur le continent.
Alors que plus de vingt pays africains sont désormais classés en situation de surendettement ou à risque élevé, selon la CEA, la conférence vise à renforcer la résilience budgétaire des États et à mobiliser des solutions innovantes pour le financement du développement.
Les discussions porteront notamment sur la réforme des cadres de restructuration de la dette souveraine, l’émission de financements durables (obligations vertes, swap dette-climat), la transparence et la gouvernance de la dette, et la lutte contre les flux financiers illicites.
Dans son allocution d’ouverture, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a souligné l’urgence d’« instaurer une gouvernance rigoureuse de la dette publique, soutenue par une solidarité africaine forte et un dialogue équilibré avec les créanciers internationaux ». La conférence offrira donc aux Etats membres de l’UA une plateforme qui leur permettra de mener des discussions constructives sur la situation actuelle de la dette à travers le continent, de partager leurs expériences nationales respectives et de formuler des recommandations en vue de l’élaboration d’une position africaine commune sur la dette.
« Les contributions entendues aujourd’hui réaffirment notre certitude : l’Afrique n’a plus le luxe de parler en ordre dispersé. Elle doit porter une voix unie pour refonder une architecture financière plus équitable, alignée sur ses priorités souveraines. Que cette conférence de Lomé soit le point de départ d’un nouvel élan africain pour la justice économique, la stabilité régionale et la transformation inclusive » a déclaré Faure Gnassimbé, Président du Conseil de l’Union Africaine (Photo).
La conférence devrait déboucher sur une « Déclaration de Lomé », posant les bases d’un nouvel agenda continental pour la soutenabilité de la dette. Elle s’inscrit dans la continuité des efforts menés au niveau panafricain, notamment à travers le Plan de Dakar pour le financement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Placide Onguéné