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Loi de finances 2021 : le Cameroun en quête d’un budget réaliste

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(BFI) – Réduction du train de vie de l’Etat, maîtrise des consommations publiques, lutte contre la corruption et les atteintes à la fortune publiques sont autant de lignes directrices qui ont guidé la confection de la loi de finance de l’Etat pour l’exercice 2021, qui sera adoptée au cours de la session parlementaire en cours.

Le constat était régulièrement relevé par de nombreux analystes. Le déficit budgétaire n’avait de cesse de grimper au Cameroun, au fil des exercices, avec une inadéquation patente entre les prévisions et le niveau réel d’exécution de la loi de finance. Courant 2020, la loi de finance a été’ rabaissée de près de 400 milliards de Fcfa.

Même si la situation était due particulièrement à la survenue de la pandémie à coronavirus, dont les implications financières étaient du reste imprévisibles lors de la préparation et de l’adoption du budget en cours d’exécution, il reste que selon l’analyse de nombreux spécialistes, les lois de finance récurrentes du Cameroun manquaient d’objectivité et de rationalité.

En exécution des orientations contenues dans la circulaire du chef de l’Etat du 10 juillet 2020, relative à la préparation de la loi de finance de l’Etat pour l’exercice 2021, le gouvernement s’est efforcé à briser les goulots d’étranglement, et à ne budgétiser que les dépenses nécessaires et prioritaires. Bien qu’encore attendu à l’Assemblée nationale et au Sénat, des indiscrétions font état d’un projet en baisse par rapport à l’enveloppe budgétaire de l’année dernière, avec une prévision de l’ordre de 4 850 milliards de Fcfa.

Pour l’essentiel, il sera question de prioriser la réduction du train de vie de l’Etat, conformément aux directives présidentielles. A ce titre, la circulaire du 10 juillet 2020 avait prescrit de persévérer sur le chemin des réformes engagées par le ministre Louis Paul Motaze depuis plus de 02 ans déjà, et qui ont permis au trésor public de faire des économies substantielles sur plusieurs lignes budgétaires. Ainsi pour les dépenses du personnel de l’Etat, le budget 2021 devrait mettre l’accent sur la maîtrise des effectifs et de la masse salariale publics.

Selon des indiscrétions, on subodore l’instauration de la biométrie, afin de s’assurer de la présence effective au poste de travail, l’amélioration de la qualité de service rendu aux usagers, le redéploiement et le renforcement des capacités des agents publics. Toute chose qui devrait induire la limitation des recrutements dans la fonction publique, le suivi régulier de l’opération de comptage physique des personnels de l’Etat, en vue d’une parfaite maitrise de la masse salariale et des pensions de même que la gestion efficace de la dette salariale de l’Etat.

Toujours dans ce chapitre, il est prescrit l’application rigoureuse de la nouvelle procédure de traitement des consommations publiques d’eau et d’électricité, la réduction des ressources dédiées à la prise en charge des déplacements des personnels de l’Etat à l’étranger, la mise en œuvre effective de la mercuriale des loyers des services publics, la définition et le respect des quotas de consommation de téléphone par les administrations publiques et leurs responsables.

Lutte contre la corruption et les malversations 

Des innovations qui avaient été données par les responsables du ministère des Finances en août 2020, à l’occasion de la conférence élargie de programmation budgétaire, organisée à Yaoundé. A l’occasion, Cyril Alo’o Edou, Dgb-Directeur général du Budget, avait expliqué que ces mesures visent la rationalisation des consommations publiques sur la période 2021-2023, mesures visant à poursuivre l’apurement des dépenses des exercices écoulés, afin de réduire les arriérés de la dette intérieure de l’Etat y relative.

Dans le même ordre d’idées, il est également question de rationnaliser les subventions accordées aux établissements et entreprises publics, de même qu’aux organismes publics ou privés, en les limitant aux seuls besoins réels et nécessaires. En outre, l’assignation des objectifs à atteindre figure en bonne place des exigences de la nouvelle loi de finance, de manière à dynamiser le recouvrement des recettes de l’Etat au bénéfice des comptes de ces structures.

Parallèlement, l’accent sera mis au cours de l’exercice budgétaire prochain sur la lutte contre la corruption et les malversations financières au détriment de la fortune publique. On comprend dès lors le passage depuis le 10 novembre dernier, de quelques gestionnaires publics devant la commission de discipline budgétaire et financière du Contrôle supérieur de l’Etat, avec en ligne de mire, la mise en débet de quelques responsables, dont les engagements de remboursement permettront de financer une partie de l’enveloppe budgétaire. Ce qui de façon conséquente, devrait induire la relance de l’Opération Epervier, contre les détournements des deniers publics.

Pesanteurs 

Restera à transcender de nombreux écueils qui se dressent sur la réalisation du projet de loi de finance en attente de dépôt au parlement. A l’instar de la riposte contre le Covid-19 en cours de recrudescence, et dont personne ne peut prévoir ses effets dévastateurs sur le budget de l’Etat. Le financement du plan global de riposte contre le Covid, induit la prise en charge de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, avec des incertitudes sur l’ampleur du développement de la pandémie.

A cette difficulté attendue, il faut ajouter le coût de la gestion des crises en cours au Cameroun, notamment la crise sécuritaire dans les régions anglophones, et la lutte contre Boko Haram dans l’Extrême-nord. Autre attente forte de la loi de finance à venir, l’implémentation de la couverture santé universelle, dont les besoins de financement, assez colossaux, ne sont pas encore parfaitement maîtrisés par les pouvoirs publics.

Toutefois, au cœur de ces pesanteurs qui menacent l’adoption d’un budget réaliste pour l’exercice 2021, se trouve la question du service public de la dette, et particulièrement de la dette extérieure de plus en plus élevée, comparativement à la dette intérieure pour laquelle l’Etat vient de débloquer la somme de 50 milliards de Fcfa, afin de relancer les entreprises camerounaises, très affectées par les conséquences du Covid-19.

Evalué à près de 10 000 milliards de Fcfa, l’endettement du Cameroun inquiète les analystes les plus érudits. Même si elle ne représente que 45 % du Pib national, loin du seuil de prohibition de 70 % en zone Cemac, la dette publique, aux hypothèques redoutées sur son remboursement, au regard de la morosité économique ambiante, constitue un véritable obstacle à la volonté des pouvoirs publics de doter le Cameroun d’un budget des plus réalistes en 2021.

Actucameroun

Rédaction
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