(BFI) – Depuis mardi 05 juillet 2022, l’Euro, monnaie commune à 19 pays européens, a connu une baisse de 1,5% face au dollar américain, atteignant son niveau le plus bas depuis près de 20 ans, a pu constater l’Agence Ecofin. Les raisons de cette nouvelle baisse divergent. Il faut dire qu’il n’est pas toujours évident d’expliquer les mouvements brusques de marché sur une période courte.
Les analyses constantes suggèrent que les agents économiques craignent que la zone euro ne soit en récession. Il est néanmoins constant que l’inflation y a atteint, à la fin juin, 8,6%, principalement tiré par les prix de l’énergie, payée au niveau mondial principalement en dollar américain. Cette hausse généralisée des prix sur le marché mondial profite à la monnaie américaine ; très sollicitée, sa valeur augmente.
La situation actuelle a poussé la Banque centrale européenne (BCE) à envisager de relever ses taux directeurs lors de sa réunion du 21 juillet 2022. Une première depuis 11 ans. Les investisseurs ne semblent néanmoins pas satisfaits de la hausse de 0,25%, annoncée par la présidente de la BCE, Christine Lagarde. De nombreux investisseurs privilégient ainsi le dollar, plus rentable.
Des implications à anticiper pour le FCFA
Alors que les pays de l’Uemoa et de la Cemac n’exercent aucune influence sur les décisions de politique monétaire européenne, les variations de l’euro les impactent en raison de la parité fixe entre leur monnaie le FCFA et la monnaie européenne. Ce mercredi 6 juillet 2022, la devise africaine était en baisse de 10% depuis le début de l’année et se négociait à 640,1 FCFA pour un dollar, selon des informations de la plateforme Xe.com. C’est son niveau le plus faible depuis plus de 20 ans.
Aucune prévision des banques centrales et des ministères des Finances et de l’Économie des deux sous-régions ne prévoyait un tel scénario. Les gains et les pertes devront être scrupuleusement analysés, alors que dans l’ensemble des pays, on se prépare déjà aux budgets de l’année 2023. Pour les pays exportateurs de matières premières comme le pétrole, l’or, le gaz, le cacao, le coton, l’opportunité est réelle d’accroître les revenus d’importation.
Et plus, pour les pays de la zone Uemoa dont la banque centrale a récupéré les réserves de change et les a placés majoritairement sur des actifs en dollar américain, c’est aussi une opportunité de générer des plus-values. Mais les deux sous-régions sont aussi importatrices de biens et services et la zone euro, en proie à l’inflation, est un de leurs partenaires clés.
La difficulté est de savoir combien de temps cette situation va durer. La crise en Ukraine et les ruptures sur la chaîne d’approvisionnement mondiale sont évoquées comme principale raison. Il est cependant à noter que la chute de l’euro a débuté depuis le 1er janvier 2021. Une fois de plus, c’est le ressenti de marché qui a fait la différence. Les banques centrales américaine et européenne ont mis en œuvre des politiques monétaires accommodantes face à la crise de 2008 et celle de la Covid-19.
Mais alors que la banque centrale américaine a commencé à donner des signaux d’une suspension de son programme, les Européens ont essayé de trouver des mesures d’adaptation, pour soutenir la dette de certains pays comme la France ou l’Italie, et surtout, permettre une relance post-covid vigoureuse et constante. Ce choix s’avère n’avoir pas eu que des implications positives. Et les agents économiques de la Cemac et de l’Uemoa doivent subir les effets de ces choix, sans que leurs avis ne puissent compter dans la recherche des solutions au défi actuel.