(BFI) – L’Éthiopie n’avait plus de bourse des valeurs depuis la chute de l’empereur Haïlé Sélassié Iᵉʳ, en 1974 : le gouvernement d’Abiy Ahmed a relancé vendredi 10 janvier un marché d’actions à Addis-Abeba. Un nouveau pas vers la libéralisation de l’économie éthiopienne, pour tenter de lui redonner de l’oxygène et d’attirer les investisseurs.
L’Éthiopie a officiellement lancer vendredi 10 janvier 2025, sa Bourse, marquant une nouvelle étape dans la libéralisation économique voulue par le Premier ministre Abiy Ahmed. Ce pays d’Afrique de l’Est repose encore largement sur une économie administrée.
La création d’un marché d’actions en Ethiopie éloigne un peu plus le pays des principes d’économie dirigée qui ont prévalu pendant 50 ans. « Ce n’est pas qu’une étape, cela marque la naissance d’une nouvelle Éthiopie », a même déclaré le directeur général de cette nouvelle bourse.
Depuis deux ans et la fin de la guerre au Tigré, qui a fait 600 000 morts, vidé les caisses de l’État et entraîné un défaut de l’Éthiopie sur sa dette en décembre 2023, le gouvernement d’Abiy Ahmed multiplie les gages d’ouverture de son économie pour attirer les financements.
En juillet 2024 dernier, l’Éthiopie a laissé flotter sa monnaie, le birr, en échange d’un prêt historiquement élevé du Fonds Monétaire International, puis ouvert aux investisseurs son secteur bancaire et laissé les étrangers rapatrier une partie de leurs profits.
Difficultés économiques
En prenant les rênes de l’Éthiopie en 2018, Abiy Ahmed avait annoncé des réformes ambitieuses, visant notamment à moderniser une économie étatisée, rigide et peu ouverte aux investissements étrangers.
L’enjeu pour Addis-Abeba est de renflouer ses réserves de change et de transformer la croissance économique, toujours dynamique avec une augmentation de 6 % par an contre 8 % avant la guerre, en emplois pour les jeunes, dont plus d’un quart est au chômage. Pour l’instant, la dévaluation du birr a surtout créé de l’inflation pour les Éthiopiens, dont plus de 5 millions souffrent d’insécurité alimentaire.
L’introduction en bourse d’Ethio Telecom, dont le gouvernement a décidé de vendre 10 % du capital, sera un test pour la nouvelle bourse des valeurs éthiopienne. Les conflits larvés subsistant dans les régions d’oromia et d’amhara, les difficultés à restructurer la dette éthiopienne, pourraient cependant dissuader les investisseurs.
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, avec environ 120 millions d’habitants, l’Éthiopie avait enregistré une croissance économique annuelle souvent supérieure à 10 % entre 2004 et 2019.
Placide Onguéné