(BFI) – Le montant des transferts d’argent effectués en 2023 par les ressortissants africains installés dans un pays étranger a atteint 54 milliards de dollars. Cela concerne tant sur le continent qu’à l’extérieur. Si cette somme stagne, les transferts sont plus que jamais un pilier des économies africaines.
En 2023, les transferts d’argent effectués par les Africains vivant à l’étranger ont atteint un montant de 54 milliards de dollars. Cette somme, bien que colossale, est stable depuis deux ans. Pourtant, ces transferts restent vitaux pour les économies africaines. Le Nigeria en est le premier bénéficiaire avec 19,5 milliards de dollars, suivi par le Ghana, le Kenya, et le Sénégal.
Une dépendance économique croissante
Ces transferts d’argent représentent un véritable pilier pour de nombreux pays africains, surtout dans un contexte où l’aide au développement et les investissements étrangers sont en baisse. Par exemple, ils constituent plus de 20 % du PIB de la Gambie et des Comores, et plus de 9 % du PIB du Sénégal. Ce soutien financier est crucial pour les ménages, notamment pour les dépenses en santé et éducation.
Malgré leur importance, les transferts d’argent vers l’Afrique restent coûteux. Les expatriés africains doivent payer en moyenne 8 % de frais, pouvant dépasser 30 % pour certains transferts intra-africains. La Banque mondiale indique que les frais pour l’Afrique subsaharienne sont parmi les plus élevés au monde, atteignant en moyenne 7,4 %.
Les freins réglementaires et techniques
Les coûts élevés s’expliquent en partie par des réglementations complexes et incohérentes. Les entreprises de transfert d’argent doivent souvent obtenir des licences différentes dans chaque pays, compliquant les transactions même entre pays voisins. De plus, les solutions numériques, bien que moins chères, ne sont pas toujours accessibles à tous en raison de la documentation requise.
Des entreprises de technologie financière innovent pour réduire ces coûts. Par exemple, certaines permettent de payer directement les factures des familles restées au pays, évitant ainsi les frais bancaires traditionnels.
Les réfugiés et autres personnes déplacées rencontrent des obstacles supplémentaires. En Ouganda, par exemple, l’absence de centralisation des cartes d’identité des réfugiés complique l’accès aux services de transfert d’argent. Harmoniser les réglementations, réduire les exigences documentaires et encourager l’innovation numérique sont des mesures nécessaires pour faciliter ces transferts.
Pour améliorer la situation, plusieurs pistes sont à envisager : harmonisation des réglementations, réduction des exigences documentaires, encouragement à l’innovation numérique et augmentation de la concurrence entre prestataires. Ces mesures pourraient transformer le paysage des transferts d’argent en Afrique, rendant ces services plus accessibles et abordables pour tous.
Placide Onguéné