(BFI) – François Djonou, président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic).
Comment se porte la filière avicole au Cameroun en ce moment ?
La filière avicole camerounaise comme l’ensemble de l’économie mondiale, africaine et nationale en particulier, ne se porte pas bien en ce moment. Les effets de la crise de grippe aviaire de 2016 sont toujours visibles. La plupart des éleveurs sont toujours endettés. Beaucoup n’ont pas repris leurs activités et nous restons en dessous du cheptel d’avant grippe aviaire. Le Covid-19 est venu s’ajouter à une situation déjà mauvaise. Les aviculteurs cherchent toujours vainement à retrouver le chemin de la prospérité. La situation n’est pas reluisante, mais il y a tout de même une embellie par rapport à un mois après le début de la pandémie au Cameroun. Les œufs qui stagnaient se vendent mieux aujourd’hui par exemple, bien que le maïs qui est la principale matière première est rare et se vend très cher.
Justement, cette filière a aussi été impactée par la crise sanitaire. On parle de pertes en termes de milliards de Fcfa. Quelle est le réel impact de cette crise sur la filière ?
La filière avicole a été sérieusement impactée par le coronavirus. Au début du confinement, beaucoup des poussins ont été détruits, le prix des œufs avait chuté d’une manière drastique, les médicaments vétérinaires ne se vendaient plus, etc. En ce qui concerne les pertes chiffrées, ce n’est pas évident de donner un montant exact sans un sérieux travail d’expertise. Le bureau dirigeant de l’Ipavic a essayé de faire un travail en ce sens pour évaluer certaines pertes potentielles au 1er mois de la pandémie. D’après nos estimations, les pertes étaient évaluées à environ quatre milliards de Fcfa. Le même travail doit être fait une nouvelle fois pour actualiser les chiffres.
Le prix du poulet est relativement bas sur le marché en ce moment. Est-ce que cela ne présage pas d’une future pénurie. Qu’est ce qui est fait pour éviter cette situation ?
Evidemment un poulet ou les œufs moins chers signifient pertes chez les producteurs. Or toute perte du capital peut conduire à la faillite de l’entreprise et une faillite de l’entreprise de production avicole signifie réduction de l’offre en produits avicoles. Mais c’est déjà une bonne nouvelle que le poulet soit disponible en quantité sur nos marchés. C’est cette quantité qui fait évidemment chuter les prix. La plupart des membres de l’Ipavic ont reçu des avis techniques qui leur permettront d’importer des poussins ou des œufs à couver pour faire face à une éventuelle pénurie.
Quelles actions envisagez-vous pour remettre la filière sur les rails ?
Au niveau de l’Ipavic, notre marge de manœuvre est extrêmement réduite à cause de la fragilisation de l’organisation par la grippe aviaire de 2016 et la crise interne à l’interprofession. Mais toujours est-il que pour relancer la filière après cette autre crise du covid-19, l’Etat et les organismes d’appuis aux producteurs devraient trouver des mécanismes d’appui direct aux acteurs de la filière avicole camerounaise.