(BFI) – Afin d’assurer une meilleure représentation des pays africains, sous-représentée dans les organisations internationales, les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique ont appelé à des réformes visant à renforcer le modèle opérationnel du continent.
L’Afrique est sous-représentée dans les organisations internationales, ce qui limite sa voix et son influence dans les prises de décision. Longtemps critiqués, la Banque mondiale et le FMI ont décidé, à la faveur de leurs assemblées annuelles 2023 tenues au Maroc, d’accorder une troisième place à l’Afrique au sein de leurs conseils d’administration. Toutefois, les ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique appellent à plus de réformes visant à renforcer le modèle opérationnel, les instruments de prêt et la structure de gouvernance du Fonds monétaire international afin de faire face plus efficacement aux chocs exogènes mondiaux tels que le conflit russo-ukrainien et la crise climatique en cours. « Cette représentation nous permettra de mieux défendre nos intérêts nationaux » estime William Ruto, Président de la République du Kenya
Ces réformes importantes permettront à l’Afrique d’avoir une voix plus forte et plus équitable dans la formulation des politiques et des programmes de développement. Dans le contexte de la polycrise actuelle, les ministres africains des Finances exhortent le FMI à relever les limites d’accès annuelles de la facilité de crédit rapide FCR et de l’instrument de financement rapide l’IFR de 50 % à 100 % de la quote-part, tout en maintenant les limites d’accès cumulatives plus élevées à 150 % de la quote-part au moins jusqu’à la fin de 2024. « Nous avons pris deux décisions distinctes, la première a été d’allouer 650 milliards de dollars à nos membres en fonction de leur quota, et la seconde a été prise pendant la période de pandémie, lorsque les liquidités étaient rares. Nous avons réalisé que nous ne pouvions y parvenir qu’en étudiant 90 % de nos membres » indique Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI
En outre, il serait nécessaire d’améliorer la participation des pays africains aux processus décisionnels et aux négociations au sein de ces institutions. Cela pourrait inclure des mécanismes pour garantir que les pays africains soient inclus dans les discussions clés et que leurs préoccupations spécifiques soient prises en compte. Les ministres ont également exhorté le FMI à développer ses activités de plaidoyer et d’élaboration de politiques sur les déséquilibres mondiaux, notamment en préconisant des ajustements de politiques dans les pays dont la balance des paiements courants est excédentaire.
« Il est dit que les règles sont les suivantes : soit vous ne recevez rien, soit vous recevez 90 millions d’USD. Nous voulons que tout le monde soit traité équitablement. D’où la nécessité de réformer cet aspect également. Une autre chose importante est que l’Afrique ne doit pas être considérée comme un continent ayant besoin de générosité, mais que nous devons tous être traités sur un pied d’égalité » rappelle Cyril Ramaphosa, Président de la République – Afrique du Sud
Les Etats africains jugent également nécessaire de réformer, au sein du FMI, le système des DTS, les droits de tirage sociaux. Mis en place en 1968 pour compléter les réserves officielles des Etats membres et calculés selon la part de chaque Etat dans l’économie mondiale, les DTS bénéficient aujourd’hui à ceux qui en ont le moins besoin. D’après les données des Nations unies, en 2021 par exemple, l’Afrique, continent de 1,4 milliard d’habitants, avait reçu moins de DTS que l’Allemagne, pays de 83 millions d’habitants.