(BFI) – Alors que l’industrie hôtelière est l’une des plus durement touchées par la crise économique liée au coronavirus, les géants mondiaux actifs en Afrique raffinent et réorientent leurs stratégies, souvent avec de nouveaux leaders, afin de mieux préparer l’après-Covid.
90 nouveaux hôtels de 16 952 chambres devaient ouvrir en 2020 à travers le continent africain. Cependant, au moins 50% de ces projets seront retardés en raison de la pandémie de coronavirus, selon W Hospitality Group. En effet, la crise a eu pour conséquences, entre autres, le ralentissement des investissements et la fermeture de nombreux chantiers pendant des mois pour s’adapter aux mesures prises par les gouvernements afin de limiter la propagation du virus. Et la récente fermeture de trois hôtels en Afrique du Sud par l’américain Marriott illustre bien l’intensité de cette crise pour le secteur. Mais, « clairement […] les développeurs, les investisseurs continuent de croire aux opportunités que l’Afrique présente dans l’hôtellerie et le tourisme », relève sur eTurboNews Trevor Ward, directeur général de WHG.
500 millions de dollars pour rebooster les activités d’Accor
Les experts s’attendent à une reprise progressive à partir du second semestre de cette année, laquelle devrait se dynamiser en 2021. Pour être pour l’offensive le moment venu, les géants mondiaux raffinent et réorientent leurs stratégies pour poser les jalons de la reprise. Dans ce sens, Kasada Capital Management porté par AccorHotels annonce un investissement de 500 millions dollars pour rebooster le secteur en Afrique subsaharienne où plus de 78% des hôtels sont restés fermés ces derniers mois. Le géant français qui suit un plan d’expansion ambitieux avec l’ouverture de 60 nouveaux hôtels sur le continent entre 2019 et 2023, confirme le mindset mis en avant plus tôt par son patron. « AccorHotels va prendre des risques, même si je sais que certaines décisions seront peut-être jugées mauvaises dans deux ou trois ans. Mais ce sont des pays [d’Afrique, Ndlr] dans lesquels il faut être audacieux. […] La rentabilité viendra plus tard sur ce continent », déclarait Sébastien Bazin, PDG d’AccorHotels dans une interview accordée à La Tribune Afrique en mars 2018.
Un changement de tête à l’international chez Marriott
Chez Marriott, rien d’officiel pour l’instant, mais tout porte à croire que le continent déjà marché stratégique pour le géant américain le sera encore plus avec l’arrivée en fonction « vers fin 2020 » du nouveau président des activités internationales du groupe, en la personne de Craig S. Smith, comme annoncé récemment. Le groupe -qui détient déjà 140 propriétés avec plus de 24 000 chambres réparties dans 14 marques et 20 pays et territoires- prévoit 40 nouveaux hôtels en Afrique d’ici fin 2023, notamment à Cabo Verde, au Kenya ou au Nigeria.
Une réorientation assumée chez Radisson et Hilton
L’un des géants qui démontre clairement son optimisme malgré la crise, n’est autre que Radisson Hotel Group. La chaine américaine revoit son leadership stratégique sur le continent avec la nomination d’un nouveau responsable du développement pour l’Afrique, Ramsay Rankoussi, et d’un directeur principal du développement pour la région subsaharienne, Daniel Trappler. Ce dernier est d’ailleurs présenté comme « l’un des rares spécialistes des transactions hôtelières et des marchés de capitaux, dédié à l’Afrique », selon le communiqué de la firme. Objectif : « stimuler l’ambition d’expansion » du groupe à travers le Continent.
Avec près de 100 hôtels en exploitation, Radisson entend franchir la barre des 150 hôtels d’ici 2025, pour un investissement supplémentaire de 2 milliards de dollars. Outre le Maroc, l’Egypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud qui sont des hubs pour Radisson, les pays-cibles de l’hôtelier américain vont être le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC), l’Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie, l’Angola, Maurice, le Mozambique et la Zambie. Interrogé par la presse spécialisée à propos de la nouvelle vision du groupe, Elie Younes, directeur du développement du groupe, explique : « l’Afrique a toujours été au premier plan de notre croissance et nous avons récemment adopté une nouvelle stratégie sur mesure à travers le continent, reflétant les besoins du marché et soulignant nos ambitions pour accélérer notre présence dans toutes les villes clés ».
Le groupe Hilton aussi a confié, début juin, son développement en Afrique subsaharienne à de nouvelles mains, celles d’Andrew McLachlan, un Sud-africain d’une trentaine d’années d’expériences dans le secteur qui a la maîtrise d’une trentaine de marchés africains. Il devra également déployer l’ambitieux plan d’expansion de la chaîne américaine dans la région.
C’est dire la dynamique qui caractérise la grande industrie hôtelière en Afrique en ce temps de crise. Au moment où la réouverture des frontières se fait lentement, mais progressivement, la reprise des vols internationaux est également attendue pour permettre un retour à plein régime de l’industrie hôtelière.