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Les entreprises boudent l’appui financier de la BEAC pour entrer à la BVMAC

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« L’avis à manifestation d’intérêt (…) est déclaré infructueux en raison d’un nombre insuffisant de manifestations d’intérêt » indiqué le communiqué signé de la coordonnatrice du projet. Ce revers intervient dans le cadre du projet d’appui aux marchés financiers unifié d’Afrique centrale (PAMFUAC) mis en œuvre par l’unité de gestion des réformes des institutions financières de la Cemac (UGRIF). L’initiative soutenu par le fonds d’aide au secteur privé africain (FAPA), un instrument géré par la BAD, visait à financer une partie des coûts d’introduction en bourse pour 4 entreprises régionales. Les frais concernés incluaient les commissions dues aux régulateurs (Cosumaf et bvmac), les honoraires juridiques et financiers, ainsi que la rémunération des commissaires aux comptes.

Les promoteurs du programme espéraient aussi lever l’un des principaux obstacles à la cotation en bourse : le coût initial souvent jugé prohibitif par les entreprises de la sous-région. Pour bénéficier du financement, les entreprises candidates devaient soumettre leur dossier à l’approbation conjointe de la Beac, de la Bad, de la Cosumaf et de la Bvmac. Mais trois mois après le lancement, le quota d’entreprises attendus n’a visiblement pas été atteint.

Les entreprises attendues depuis 2019

Depuis l’unification du marché financier régional en 2019, les six Etats membres de la Cemac avaient pris l’engagement d’ouvrir le capital des entreprises publiques à la Bvmac. Or, seuls deux sociétés : la société commerciale gabonaise de réassurance (SCG Ré) et la banque équato-guinéenne Bange Bank, ont franchi le pas en 6 ans. Selon les données consolidées par les régulateurs, 17 entreprises publiques avaient pourtant été identifiées dans cinq pays (hors Tchad) pour une éventuelle cotation. Mais la plupart demeure à l’état de projet. Le directeur de la Bvmac, Louis Banga Ntolo, expliquait dans un entretien publié en janvier 2024 que cette inertie traduisait « la réticence de nombreux dirigeants de soumettre leur gouvernance à l’évaluation publique » et celle des autorités nationales à imposer la discipline qu’elles ont elles-mêmes décidée.

Au Cameroun, cette lecture est nuancée. Les autorités mettent en avant la nécessité de restructurer les entreprises ciblées avant toute ouverture de capital. Des entités comme Aéroports du Cameroun, Sodecoton, Port Autonome de Douala ou encore Cameroon Hotels Corporation font ainsi l’objet d’un accompagnement technique de l’Agence française de développement (AFD). « L’objectif est de moderniser la gouvernance et le fonctionnement de ces entreprises afin d’assurer une introduction en bourse crédible et durable », expliquent les équipes de l’AFD, citées dans les documents du projet. L’approche vise à rendre ces sociétés plus attractives pour les investisseurs institutionnels, souvent méfiant face à l’opacité des entreprises publiques africaines. Mais elle continu aussi à repousser dans le temps la concrétisation des cotations promises depuis 2019.

La domination des marchés de titres publics dans la région peut aussi être considéré comme un obstacle. Géré par la Beac, ce marché attire la majorité des flux financiers disponibles, tant du côté des investisseurs institutionnels que des Etats. Plus souple et perçu comme moins risqué, il a connu une croissance spectaculaire ces dernières années. En fin mars 2025, l’encours des titres publics émis par les Etats de la Cemac atteignait près de 8500 milliards de Fcfa contre moins de 5000 milliards 5 ans plus tôt. « Les trésors nationaux privilégient les bons et obligations publiques au détriment des mécanismes de financement privé » note un rapport technique de la Beac publié au premier trimestre 2025. Cette orientation freine la montée en puissance du marché boursier régional, pourtant censé canaliser l’épargne locale vers le financement productif.

Rédaction
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