(BFI) – La filiale locale du groupe français de télécommunication ne donne aucune information sur l’objectif et l’agenda de la visite du président directeur du groupe à Yaoundé. Mais la possibilité d’une prise de participation dans le capital de Camtel, l’opérateur historique, est évoquée par certaines sources revèle EcoMatin.
Le Cameroun devrait accueillir dans les prochaines heures un hôte de marque. Des sources concordantes annoncent l’arrivée à Yaoundé ce 12 octobre 2021 du président directeur général (PDG) du groupe français de télécommunication, Orange, le français Stéphane Richard. Au niveau de la direction générale de la filiale locale du groupe français, c’est motus et bouche cousue. Pas de confirmation ni de démenti et encore moins d’informations sur l’objectif ou le programme de cette visite.
Néanmoins, on peut situer cette sortie dans le prolongement de la nomination, il y a quelques mois, d’un nouveau directeur général à la tête d’Orange Cameroun. Nommé le 13 juillet dernier, le Béninois Patrick Benon a pris service le 1er septembre, en dehors du rituel habituel qui symbolise souvent le passage de témoin entre le nouvel entrant et son prédécesseur. Stéphane Richard viendrait donc adouber le nouveau dirigeant d’Orange Cameroun.
Pour certains acteurs proches du secteur, le patron d’Orange a des « dossiers importants » qu’il souhaite discuter avec les plus hautes autorités du pays, notamment le président de la République. L’on susurre ainsi, parmi ces dossiers « stratégiques », le passage à la 5G par Orange Cameroun. Le 27 janvier 2021, lors de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux à la presse d’Orange Stéphane Richard a déclaré que l’arrivée de la 5G en Afrique pourrait se faire « probablement dès la deuxième moitié de 2021 et en 2022 ».
Le président du syndicat national autonome des travailleurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Syntic), Corneille Koungou, ne semble pas particulièrement ravi par l’arrivée de Stéphane Richard. « La principale chose qui fait marcher le groupe Orange au Cameroun est le contrôle de Camtel. Orange veut reprendre les 49% des parts de Camtel que l’Etat est maintenant disposé à céder au secteur privé », lance le syndicaliste.
Conquête
Détenu exclusivement par l’État, l’actionnariat de la Cameroon Telecommunications (Camtel), peut désormais être «ouvert à d’autres entités publiques ou privées», selon un décret signé le 28 mai 2019 par le président de la république Paul Biya. Une perspective qui hérisse les cheveux sur la tête du président du Syntic. « Qui dit prendre le contrôle de Camtel, dit contrôler la fibre optique et qui contrôle la fibre optique contrôle des télécommunications en Afrique centrale », redoute Corneille Koungou. Bien plus, poursuit-il, « s’ils [les Français d’Orange] mettent la main sur la fibre optique, ils pourront atteindre la base des données du pays. Dans tous les cas, notre syndicat a toujours été contre toute forme de cession de la fibre optique ou du contrôle des communications nationales par des étrangers».
En dehors de cette posture patriotique, le syndicaliste pense que l’Etat a tout à gagner dans la gestion par les nationaux des télécommunications, « un secteur d’activité qui rapporte plus que le pétrole, dès qu’on a déjà mis les infrastructures en place. » Né le 24 août 1961 à Caudéran (Bordeaux) en France, Stéphane Richard a rejoint Orange en septembre 2009 pour en devenir le président-directeur général d’Orange le 1er mars 2011. Son mandat arrive à son terme mi-2022. Dans une interview au « Journal du Dimanche », il a publiquement annoncé son intention de quitter la direction générale mais souhaite rester président.