(BFI) – De nouveaux projets placent la Côte d’Ivoire parmi les leaders africains de la production d’or. Le pays emploie un Code minier attractif pour le secteur privé et rémunérateur pour l’État.
Dans les cinq prochaines années, la Côte d’Ivoire se positionnera comme le premier producteur africain d’or, promet le ministre ivoirien des Mines, du pétrole et de l’énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly. Le ministre participait, le 4 octobre 2025, à Sciences Po Paris à un panel organisé par la Fondation Afrique-France au cours de la deuxième édition de Africa Day, Il a précisé que « 35 % de la roche birimienne d’Afrique de l’Ouest, communément appelée roche verte et connue pour contenir de l’or, se trouve en Côte d’Ivoire ». La production d’or est passée de 10 tonnes en 2012 à 58 tonnes en 2024, et devrait atteindre 62 tonnes en 2025, selon le ministre Coulibaly.
Le ministre a rappelé qu’en moins de dix ans, la production aurifère ivoirienne a été multipliée par cinq ; cette réunion a aussi été l’occasion de rappeler la particularité du modèle ivoirien qui réside à 100 % dans son approche entièrement tournée vers le secteur privé. « L’État n’investit pas. Selon le Code minier ivoirien, l’État accorde des permis de recherche, puis d’exploitation, en conservant une participation gratuite de 10 % à 15 % dans les projets. Le reste du financement étant levé par les opérateurs privés. »
Plus généralement Mamadou Sangafowa Coulibaly a insisté sur les conditions favorables du pays qui attirent les investisseurs. Notamment la stabilité politique et économique depuis plus de quinze ans, des infrastructures de qualité, un capital humain qualifié avec des géologues « de classe mondiale », et un accès garanti à l’électricité et aux réseaux routiers.
Il a souligné un environnement assez attractif et une fiscalité incitative avec un régime spécial pour les investissements dans le secteur minier, soulignant au passage l’efficacité administrative du pays : « Entre la découverte initiale et l’exploitation, c’est en moyenne moins de cinq ans pour exploiter une mine, contre dix à vingt ans dans les pays développés. »
Selon le ministre, toute cette politique s’inscrit dans la vision du président Alassane Ouattara qui considère que « le moment est venu pour mettre à contribution les ressources extractives » afin de répondre aux besoins croissants de développement du pays.
Atlantic Group reprend le site de Tongon
Il faut dire que l’actualité récente accorde du crédit à l’optimisme ministériel. En 2023, la Côte d’Ivoire n’était que le 8e producteur d’or en Afrique et le 22e mondial. Depuis, la roche ivoirienne a révélé deux découvertes majeures, les sites Baleine et Calao. Auxquels s’ajoute l’entrée en production de la mine Koné, l’un des plus grands gisements aurifères d’Afrique de l’Ouest. L’exploitation, pilotée par Montage Gold, a démarré fin 2024. Les professionnels font état de gisements prometteurs, un peu partout dans le pays ; on compterait 189 permis de recherche aujourd’hui, contre 120 environ, en 2012. Et beaucoup saluent, en écho aux propos du ministre, la facilité à faire des affaires en Côte d’Ivoire. Selon le FMI, le secteur minier dans son ensemble contribuera à près de 1,4 point de la croissance économique de la Côte d’Ivoire en 2025, attendue à 6 %.
Fin septembre, Perseus Mining a eu l’autorisation d’exploiter la première mine d’or souterraine du pays. La compagnie australienne a consenti un investissement de 170 millions de dollars pour exploiter en souterrain la mine de Yaouré. Le projet a reçu l’aval de l’évaluation environnementale et sociale exigée par le gouvernement. Voilà qui prolonge la durée de vie de la mine jusqu’en 2035. Tous les travaux d’infrastructures sont prêts et la découpe des premiers portails est imminente. L’exploitation elle-même devrait débuter dès 2026 et la production commerciale devrait atteindre son rythme de croisière au premier trimestre 2027.
Ces dernières heures, on a appris qu’Atlantic Group rachetait la participation dans la mine d’or de Tongon, située au nord du pays, à Barrick Gold, en quête de restructuration financière. Voilà qui donne un nouvel élan à cette mine d’or, jusqu’ici la plus importante du pays, qui devait initialement fermer… en 2020 ! Un nouveau programme d’exploration prolonge sa durée de vie. Depuis sa mise en exploitation en 2010, cette mine aurait déjà apporté 2,2 milliards de dollars de revenus à l’État ivoirien.
À Doropo, la découverte d’un gisement d’or modifie la donne pour toute la région du Bounkani. Cette région du nord-est du pays, quelque peu délaissée par le dynamisme économique de la Côte d’Ivoire, prend tout à coup une dimension nouvelle. Les réserves seraient supérieures à 100 tonnes d’or, ce qui suppose un chantier gigantesque d’exploitation, avec ce que cela suppose en matière d’emplois, d’infrastructures et, bien sûr, de défis environnementaux. Les travaux, confiés à Resolute Mining qui aurait investi quelque 457 millions d’euros, devraient déboucher sur un début d’exploitation dès 2026, pour une vingtaine d’années.
On le voit, le secteur aurifère ivoirien connaît une croissance rapide : la production d’or est passée de 10 tonnes en 2012 à 58 tonnes en 2024, et devrait atteindre 62 tonnes en 2025, selon le ministre Coulibaly. À moyen terme, le gouvernement vise 100 tonnes d’or par an d’ici 2030, grâce notamment à de nouveaux projets comme Lafigué, exploité par Endeavour Mining.