(BFI) – Le Cameroun dispose d’un grand potentiel naturel et humain, dont l’exploitation efficace devrait permettre d’assurer à ses ressortissants de bien meilleures conditions de vie. Mais, force est de relever qu’à ce jour, la transformation du réel en réalité concrète nous renvoie à l’image de la mayonnaise qui ne prend pas alors que tous les ingrédients sont réunis.
Les observateurs avisés s’accordent pour mettre en avant la contribution déterminante d’une économie vigoureuse et inclusive pour apporter des réponses appropriées aux multiples défis auxquels le pays est confronté de manière récurrente : des déséquilibres macroéconomiques internes et externes, des difficultés de la gouvernance économique, un cadre fiscal dissuasif et, d’une manière générale, un climat des affaires peu attractif pour l’investissement privé à l’effet d’accélérer la croissance.
Alors s’impose l’impératif d’un rythme de croissance soutenue, avoisinant ou dépassant deux chiffres, au cours des deux prochaines décennies, seuil estimé compatible avec notre ambition d’émergence dont on peut craindre la non-atteinte comme prévu à l’horizon 2035. De fait, nos performances économiques sur les dix premières années de mise en œuvre du DSCE se sont situées hors le chemin critique tracé, ce qui a conduit le Gouvernement à lui trouver le successeur qu’est le SND.
Dans cette optique : Et d’abord, notre pays devrait favoriser l’éclosion de champions nationaux, promouvoir l’émergence de toutes catégories d’entreprises locales résilientes et aptes à participer à la compétition mondiale en saisissant les opportunités économiques diverses qu’offre la mondialisation, compte étant tenu des menaces que certains de ses aspects peuvent présenter.
De fait, la mondialisation a certes favorisé l’ouverture des économies et des sociétés, poussé la libéralisation des échanges de biens, d’idées et de connaissance, et sorti des centaines de millions de personnes de la misère comme l’enseigne l’expérience récente des pays d’Asie qui ont su, en l’espace d’une génération, endiguer la pauvreté pour s’engager dans une dynamique de prospérité, au bénéfice de leurs populations.
Mais, il n’en demeure pas moins que l’économie mondiale souffre de déséquilibres ancrés et persistants, notamment entre les pays développés et les pays en voie de développement. Il importe en effet que les règles et décisions mondiales qui conditionnent le commerce et la finance laissent une plus grande marge de manœuvre aux pays en développement, en prenant notamment le soin d’édicter des politiques et des dispositifs qui sont adaptés à leur niveau de développement et leurs spécificités.
Ensuite, tout en promouvant et soutenant l’entreprenariat local, notre pays doit être capable, par des politiques publiques idoines, d’attirer un flux important d’investissements privés. Fort à propos, l’exigence du développement des entreprises et de l’économie camerounaises nous renvoie aussi et je dirai même mécaniquement à celle de l’attractivité du territoire national.
C’est parce que notre pays sera attractif que nous pourrons attirer l’investissement étranger et booster la croissance et, par voie de conséquence, booster les créations d’emplois.
Avons-nous jamais eu une stratégie d’attractivité pour notre pays ? Quels sont les ressorts de l’attractivité du Cameroun ? Notre pays a-t-il fait de l’attractivité du territoire un maillon essentiel de sa politique économique ? Si l’environnement des affaires en est une composante essentielle et il en existe bien d’autres déterminants qui jouent un rôle: la taille du marché, la protection de la propriété privée, les infrastructures, le capital humain, le coût du capital humain, la transparence et la disponibilité de l’information, les systèmes de santé, et même la qualité de la vie, ou encore l’offre culturelle.
Si en ce qui concerne la taille du marché, l’appartenance du Cameroun à la CEMAC et sa
position-charnière entre la CEMAC et la CEDEAO offrent des perspectives intéressantes, il tarde d’en faire des atouts avérés et solides. Pour les autres composantes de l’attractivité, le climat des affaires par exemple, nous restons loin du compte. Tout ceci pourrait bien expliquer qu’en dépit de l’attrait de l’investissement dans certains secteurs ces dernières années, le stock d’IDE du Cameroun reste bien inférieur à ceux des pays comparables comme la Côte d’Ivoire.
Pour toutes ces raisons, je considère que les enjeux d’attractivité du territoire camerounais devraient faire partie intégrante de notre politique économique. L’attractivité doit devenir un objectif explicite de politique économique pour notre jeune pays. L’attractivité est un sujet propice à des concertations entre les sphères publique et privée.
Par Célestin Tawamba, Président du Groupement Inter-patronal du Cameroun (GICAM)