(BFI) – Le Gabon, à l’instar des autres pays producteurs de pétrole devrait certainement trouver son compte, avec la hausse actuelle des cours du baril.
Le 04 mars dernier, l’agence de notation Fitch Ratings a confirmé la note de défaut des émetteurs en devises à long terme (IDR) du Gabon, à « B- » avec une perspective stable. A l’occasion de cet exercice, cette agence de notation américaine a indiqué que la hausse actuelle des cours du brut suscite regain d’optimisme sur les finances publiques, et surtout qu’elle augure des retombées positives sur l’économie du pays.
Réduction des déficits budgétaires
Fitch estime que le déficit budgétaire s’est réduit à 0,6 % du PIB en 2021, contre 2,5 % en 2020. Le budget 2022 prévoit un déficit de 0,7 % du PIB, sur la base d’un prix du pétrole de 60 USD/baril. Il prévoit des dépenses stables et des revenus supérieurs de 18 % aux projections budgétaires de 2021.
L’agence s’attend donc à ce que le déficit diminue à 0,5 % du PIB en 2022, et à 0,2 % en 2023, soutenu par la hausse des revenus pétroliers, les réformes du FMI et la reprise économique. « Nous prévoyons une reprise des dépenses d’investissement, mais à un niveau inférieur à celui prévu au budget. Une réduction progressive des exonérations fiscales, soutenue par le programme du FMI représentera une amélioration structurelle importante », indique-t-elle.
Quand la hausse des prix du pétrole stimule les soldes budgétaires
Sur ce chapitre, Fitch table sur une hausse des recettes pétrolières. Représentant 37 % des recettes publiques (moyenne 2016-2020), elles devraient ainsi augmenter à mesure que l’OPEP assouplit les réductions de production, que les investissements augmentent et que le prix du pétrole augmente à 70 USD/baril en 2022 et à 60 USD en 2023, avec un risque haussier important.
En outre, une augmentation de 10 USD/baril conduirait à une amélioration de 1 pp du solde budgétaire. Les recettes non pétrolières devraient également s’améliorer, soutenues par les secteurs non pétroliers.
Une gestion des finances publiques peu orthodoxe
Dans son analyse, l’agence rappelle néanmoins que le Gabon a quelques difficultés pour obtenir les financements prévus auprès des créanciers publics. Une situation qui a mis en évidence, les faiblesses de la gestion des finances publiques et la flexibilité limitée du financement. A preuve, en 2021, le pays n’a pas reçu de financement budgété de la Banque africaine de développement (BAD), soit 72 millions de dollars et le décaissement du Fonds monétaire international (FMI) de 108 millions de dollars représentait la moitié du montant attendu par les autorités. Mais avec l’évolution des choses, espère l’agence, ces fonds devraient être décaissés en 2022.
En outre, en 2021, le Gabon n’a pas réussi à apurer certains arriérés sur sa dette, qui représentaient 0,7 % du PIB (125 millions de dollars).
La gestion du passif réduit les risques de liquidité
Les besoins de financement budgétaire se sont atténués par rapport aux dernières années, bien qu’ils restent importants à 7,3 % du PIB en 2022 et 4,8 % en 2023.
En 2021, le Gabon a émis 800 millions de dollars (4,4 % du PIB) d’euro-obligations pour racheter des euro-obligations amorties entre 2022 et 2024 et des obligations équivalant à 6 % du PIB ont été émises sur le marché régional en 2021. « Nous ne prévoyons pas d’émission sur le marché international en 2022 et 2023. Au lieu de cela, les autorités prévoient de s’appuyer sur le financement domestique (environ 3,4 % du PIB), pour combler une partie du déficit non couvert par les financements extérieurs publics », fait savoir Fitch.
Baisse de la dette publique
A ce sujet, les analystes de Fitch estiment que la dette publique/PIB a diminué à 70 % en 2021, contre 77,4 % en 2020, principalement en raison de la hausse du PIB nominal. Dans leurs hypothèses basées sur de faibles déficits budgétaires et d’amélioration du contexte macroéconomique, ils indiquent que la dette publique tombera à 64,5 % d’ici fin 2023, et en dessous de la prévision médiane « B » de 2023 de 67,6 %.
Diversification pour soutenir la reprise économique
Après une forte contraction en 2020, Fitch estime que la croissance du PIB a repris de 1,6 % en 2021, soutenue par la croissance non pétrolière.
En 2022, le dynamisme de la production agricole et forestière, la production de manganèse et la reprise de la construction avec la reprise des projets d’infrastructures soutiendront la reprise. Et d’ajouter, « Nous prévoyons que la croissance économique atteindra 2,9 % en 2022 avant de baisser à 2,1 % en 2023. À moyen terme, la croissance du Gabon dépendra des secteurs non pétroliers axés sur l’exportation, notamment les mines, l’agro-industrie et la foresterie. La croissance sera également soutenue par des investissements dans les infrastructures, le développement de zones économiques spéciales et des partenariats public-privé. Nous prévoyons une croissance non pétrolière de 2,9 % en moyenne en 2022-23 ».
La production de pétrole se stabilisera
Selon Fitch, en 2021, la production de pétrole a diminué de 7,6 %, en raison des réductions de quotas de l’OPEP, des fermetures et du déclin naturel des champs.
En moyenne, le Gabon a produit 201 600 bpj en 2021, après 216 200 bpj en 2020. La production pétrolière du Gabon est structurellement en baisse car la plupart des gisements vieillissent et nécessitent des investissements importants pour maintenir la productivité. L’agence prévoie toutefois que les investissements prévus maintiendront la production autour de 200 000 b/j à moyen terme.
Amélioration des comptes extérieurs
Fitch estime enfin que le Déficit du compte courant (CAD) s’est réduit à 3,1 % du PIB en 2021 contre 6 % en 2020, reflétant une augmentation des exportations de pétrole en valeur et des exportations non pétrolières, tandis que les importations ont diminué en raison de la réduction des activités d’investissement.
L’agence prévoit que le CAD se modérera à 1,2 % du PIB en 2022. Cela, grâce à la dynamique des prix et de la production du pétrole et à la diversification progressive des exportations. Cependant, à mesure que les importations se redresseront, elle table sur une augmentation du CAD à hauteur de 2,8 % du PIB en 2023.