« Il vend sa nièce à 700.000 Fcfa. La transaction entre Maurice T., ferrailleur de 28 ans, et l’acheteuse, femme bientôt quinquagénaire en quête d’enfant, a été dénoncée vendredi 5 juillet 2024 à Douala par un témoin ». Quand j’ai lu cette information dans un journal du pays, je me suis demandé si ces acheteurs étaient possédés par le mauvais « kong » ou le mauvais « famla » ! Je me suis demandé comment on peut transformer sa nièce de 3 ans en kunta kinta, ce personnage (jeune garçon) vendu comme esclave dans une célèbre série télévisée américaine de 1977. Souvent, de nos jours, les êtres humains achetés de cette manière ont été considérés comme des esclaves modernes obligés de mendier honteusement, de travailler atrocement ou de se prostituer lamentablement. C’est touchant. Mes rimes-là, c’est touchant ? Vous pleurez seulement ? Payez-moi alors avec l’argent ! Mais n’achetez pas les enfants !
Nos muna wanda vraiment sur le mboa ! Nos enfants se demandent si les grands fument tous le banga ! Nos mômes se demandent comment vivre avec ces adultes « toc-toc » ! Est – ce que ce monde est sérieux ? Le génial Francis Cabrel se pose cette question à plusieurs reprises dans « La Corrida », l’une de ses célèbres chansons sorties en 1994. C’est l’histoire d’un taureau qui se demande comment les êtres humains peuvent se réjouir d’assister à son agonie, sa torture, au cours d’une cérémonie officielle et spectaculaire. En ce moment précis, nos enfants se demandent eux-aussi comment les êtres humains peuvent se réjouir de vendre un enfant. C’est le « ndjangui » ? Hein ? Combien coûte la vie ? « Selon les Nations – Unies et le Conseil de l’Europe, la traite des êtres humains serait l’une des formes de trafic les plus rémunératrices dans le monde. La traite générerait jusqu’à 150 milliards de dollars de profits par an. Elle représente ainsi un enjeu de sécurité globale, alimentant la corruption, les migrations irrégulières et le terrorisme. Le nombre de personnes recrutées et exploitées à travers le monde chaque année est estimé à 25 millions de personnes, il s’agit principalement des femmes et des enfants », fait savoir le site internet diplomatie.gouv.fr.
Comme si les enfants n’avaient pas assez souffert comme ça ! Et souvent, la société a fait comme si de rien n’était. On va faire comment ? Disent certains. C’est nous qui allons changer quoi ? Disent d’autres. Beaucoup d’enfants sont obligés de « jongler » à droite et à gauche en faisant des petits métiers pour assurer eux-mêmes leur scolarité ou résoudre d’autres situations problématiques. Travaux champêtres excessifs, commerce ambulant à risque, recherche effrénée de la clientèle en faveur des magasins…Les Lois du Cameroun et l’Organisation internationale du travail (OIT) interdisent ce genre de « travail dangereux pour la santé et le développement de l’enfant, qui exige trop d’heures de travail et/ou qui est effectué par des enfants trop jeunes. Généralement, le travail des enfants interfère avec le droit de l’enfant à l’éducation et au jeu ». Des interdictions légitimes mais qui méritent d’être accompagnées par un pouvoir d’achat digne des boss ! Pour que papa et maman n’envoient plus junior ou cathy « se battre » dans le business dehors, il faut aussi que papa et maman mangent à leur faim, sortent de cette précarité, cet informel qui emploie près de 90 % de la population active. Et quand papa et maman ont suffisamment d’argent comme Mamy Nyanga, junior et cathy ne seront plus vendus à des gens plus tordus qu’une corde à sauter perdues, ils pourront eux-aussi mieux s’épanouir comme des enfants des « capo », ils ne seront plus obligés d’aller regarder canal plus chez les voisins, parce qu’à la maison, ce sera Noël tous les jours, comme dans les films de Disney !
Romuald Akoa Zoé, Correspondance particulière