(BFI) – Le gouvernement du Tchad a lancé son plan national d’intervention d’urgence pour répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels immédiats d’un million de personnes parmi les plus vulnérables dans huit provinces pendant la période de soudure de juin à août. C’est-à-dire lorsque les denrées alimentaires sont rares et que la faim atteint son paroxysme entre les récoltes. Le pays reçoit pour cela le soutien du PAM (Programme alimentaire mondial), de la Banque mondiale, ainsi que l’assistance d’autres partenaires comme la Commission européenne, le Japon et les États-Unis.
Ce plan d’intervention prévoit la distribution de nourriture, de semences et de transferts monétaires aux familles les plus exposées à la faim dans les provinces d’Ennedi Est, de Wadi Fira, de Ouaddaï, de Sila, de Logone Oriental, de Lac, de Kanem et de Barh El Gazel.
Cette intervention sera complétée par la fourniture de suppléments nutritionnels pour les enfants de moins de deux ans, les femmes enceintes et les mères allaitantes.
« Notre pays est confronté à une insécurité alimentaire sans précédent, exacerbée par de multiples crises, notamment un afflux massif de réfugiés et une production agricole insuffisante due aux effets du changement climatique », justifie Abdelmadjid Abderahim Mahamat, ministre de la Santé publique.« La réponse à grande échelle que le gouvernement lance aujourd’hui permettra au PAM de distribuer une aide vitale à nos concitoyens qui en ont un besoin urgent. »
Le Tchad connaît pour la cinquième année consécutive une grave insécurité alimentaire. Quelque 3,4 millions de personnes ne seront pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels de base pendant la période de soudure. Cela représente une augmentation de 240 % par rapport à la même période en 2020, lorsque les stocks alimentaires sont généralement épuisés et que la faim atteint son paroxysme avant la prochaine récolte. La malnutrition a également atteint des niveaux alarmants, avec environ 1,4 million de cas de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans signalés dans le pays.
La situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition est aggravée par des facteurs structurels qui se chevauchent, notamment l’impact négatif des conflits, la hausse des prix des denrées alimentaires et les chocs climatiques tels que les inondations et les sécheresses.
Des solutions innovantes et transformatrices
« Nos équipes sont sur le terrain et font tout leur possible pour répondre aux besoins immédiats des personnes les plus durement touchées par cette crise. Elle nécessite une réponse d’urgence majeure de la part de tous les partenaires », reconnaît Koffi Akakpo, représentant intérimaire du PAM pour le Tchad.
« Pour atténuer l’impact futur des crises de plus en plus graves et récurrentes, le PAM appelle à des investissements substantiels dans des solutions durables qui renforcent la sécurité alimentaire à long terme, améliorent la productivité agricole, soutiennent la résilience aux chocs climatiques et renforcent le pouvoir d’achat des populations les plus vulnérables », insiste Koffi Akakpo.
« En mobilisant plus de 100 millions de dollars pour aider le gouvernement à faire face à l’urgence alimentaire, la Banque mondiale travaille à l’amélioration des conditions de vie du peuple tchadien, qui fait face à plusieurs chocs à la fois. Ceci inclut les 52 millions $ acheminés à travers le PAM », commente déclare Rasit Pertev, représentant résident de la Banque Mondiale au Tchad.
Au Tchad, le PAM a travaillé sur des solutions innovantes et transformatrices à long terme contre la faim et s’est engagé à soutenir les programmes nationaux qui renforcent la résilience des communautés face aux crises à travers la protection sociale et les investissements dans des systèmes alimentaires inclusifs et résilients.
Placide Onguéné