(BFI) – Au Sénégal, c’était l’une des grandes promesses du duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, sorti victorieux de l’élection présidentielle fin mars : renégocier les contrats signés avec des entreprises étrangères dans les secteurs stratégiques. Cette promesse semble commencer à se concrétiser puisque le Premier ministre Sonko (photo) a officiellement installé le 19 août 2024 une commission sur le sujet.
En préambule, le Premier ministre rappelle qu’une plus grande transparence et un rééquilibrage des contrats signés par l’État du Sénégal est un combat de longue date. « En tant que parti politique d’opposition, nous avions eu à regretter et à dénoncer vigoureusement la manière dont les accords et conventions étaient conclus, au détriment, la plupart du temps, des intérêts stratégiques du Sénégal et de son peuple. »
Le gouvernement sénégalais a initié la création d’une commission spécialisée composée d’experts en droit, fiscalité et énergie pour revisiter les contrats pétroliers et gaziers, avec pour objectif de les rééquilibrer dans l’intérêt national. C’est ce qu’a déclaré lundi dernier, le Premier ministre Ousmane Sonko à la télévision nationale.
Les détails concernant cet audit ou d’éventuels plans de renégociation n’ont pas encore été divulgués par les autorités. Pour de nombreux analystes, le Sénégal avait relativement été généreux avec les compagnies étrangères pendant les négociations des intérêts notamment sur le pétrole et le gaz naturel.
Désormais au pouvoir, les autorités veulent donc agir. « Contrairement à ce que certains ont pu avancer : la logique n’a jamais été de venir raser tout, nationaliser comme certains le pensent même. La logique est de travailler de manière rigoureuse, méthodique. » fait savoir Ousmane Sonko.
L’objectif affiché est de revenir à la table des négociations en étant bien préparé, affirme le chef du gouvernement « C’est un travail fastidieux qui devra permettre à l’État d’avoir les moyens de poser ou d’imposer la discussion avec les partenaires pour rediscuter, réorienter, ces différentes conventions, dans le sens de beaucoup plus d’équilibre, de gain partagé pour les deux parties. »
Le Premier ministre a assuré que la commission, mise en place, serait dotée des moyens suffisants pour mener à bien cette tâche. Ceci, y compris la possibilité de solliciter l’expertise internationale si besoin. Néanmoins, il n’a pas précisé de délai pour l’achèvement de cette révision.
Cette décision survient peu de temps après que le Sénégal soit devenu producteur de pétrole pour la première fois. En effet, en juin dernier, la société australienne Woodside Energy a annoncé la première extraction de pétrole du champ de Sangomar. À plein régime, le champ devrait produire 100 000 barils par jour. Mais, pour certains, dont l’ancien président Macky Sall, ces renégociations pourraient avoir « des conséquences désastreuses » sur l’économie.
André Noir