(BFI) – La 4e édition du Cameroon Investment Forum (CIF) s’est ouverte hier 17 avril 2024 à Douala Selon l’Agence de promotion des investissements (API), cette année, le forum se concentre sur la politique d’import-substitution dans les secteurs du riz, du maïs, du poisson, du lait et de l’huile de palme.
Officiellement lancée en 2021, la politique d’import substitution vise à remplacer les importations par une production locale accrue. Lors de cet événement, les acteurs du secteur privé ont présenté leurs doléances au gouvernement, soulignant les améliorations nécessaires pour optimiser le déploiement de cette politique. « Pour produire localement du riz, du maïs, du poisson, du lait et de l’huile de palme, nous avons besoin d’espace, de terrain. Le problème foncier est bien connu au Cameroun. Actuellement, le titre foncier ne garantit rien car il peut être révoqué par le ministre du jour au lendemain. Comment envisager de développer l’agriculture si le titre foncier, qui est l’outil fondamental, n’offre aucune sécurité ? », interroge Célestin Tawamba, président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam).
Abondant dans le même sens, Leonel Kungaba Fongoh, PDG de Global Corporation Group, une entreprise qui guide les investisseurs désirant s’implanter au Cameroun, propose de « faciliter l’accès à la terre pour les projets d’investissement ». Pour les investisseurs étrangers, il suggère de leur allouer des terrains à condition qu’ils s’associent avec des Camerounais. « C’est une pratique courante dans d’autres pays. Nous avons également des expériences dans d’autres pays en développement où l’État joue un rôle actif pour soutenir l’investissement privé », explique-t-il.
Le ministère des Domaines et des Affaires foncières rappelle l’importance pour ceux qui désirent acquérir des terres de bien se renseigner sur la réglementation applicable, notamment la circulaire de 2014 qui précise les conditions d’accès à la terre pour les investisseurs.
Financement et accès au marché
Selon le président du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), une autre problématique majeure est le financement de l’agriculture. Il affirme qu’il n’existe actuellement aucun dispositif adapté pour le financement de ce secteur, qui, de plus, ne bénéficie d’aucun statut officiel au Cameroun. Face à cette situation, Gwendoline Abunaw, directrice générale d’Ecobank Cameroun et présidente de l’Association professionnelle des établissements de crédits du Cameroun (Apeccam), encourage les acteurs du secteur privé à se rapprocher des établissements de crédit afin de mieux comprendre les options de financement disponibles.
Le secteur privé a exprimé ses préoccupations quant aux défis rencontrés pour accéder au marché. Dr Simon François Yonga Bakalag, coordonnateur national du Centre du réseau des filières de croissance, explique : « Lorsque d’autres pays ont initié des politiques d’import-substitution, ils ont pris en compte les exigences du marché. C’est le marché qui dicte les normes nécessaires pour structurer efficacement une chaîne de valeurs. Nos produits doivent répondre à ces normes pour être commercialisés. Les pays industrialisés ont compris cette dynamique. Il est donc crucial que notre État intensifie ses efforts dans ce domaine. Il faut pouvoir vendre nos produits avant de démarrer la production. » Pour les représentants du secteur privé, il est crucial d’améliorer les réformes afin de réduire les importations de produits tels que le riz, le maïs, le poisson, le lait et l’huile de palme, et de réussir ainsi l’import-substitution de ces produits. Les statistiques présentées lors du Cameroon Investment Forum (CIF) 2024 révèlent que, en 2022, le Cameroun a importé plus de 841 000 tonnes de riz pour un coût de 264 milliards de FCFA et 143 000 tonnes d’huile de palme pour un montant de 57 milliards de FCFA indique Investir au Cameroun.