(BFI) – La pandémie de la Covid-19 a profondément bouleversé les économies mondiales et le continent africain a été touché pour la première fois depuis 30 ans par une récession économique. Un ralentissement évalué par la Banque Mondiale à -3,3 % pour l’Afrique subsaharienne en 2020. Face à cette situation exceptionnelle, le retour de la croissance en 2021 est venu essentiellement grâce à l’activité des entreprises.
Lorsque nous parlons de la croissance économique du continent, il est important d’avoir conscience que ce territoire représente des réalités qui sont multiples et complexes. Les problématiques auxquelles doit faire face la République Démocratique du Congo ne sont pas les mêmes que celles qui traversent le Maroc ou l’Afrique du Sud. Mais un point s’avère être incontournable ; la question de l’investissement est fondamentale pour l’accroissement futur des pays africains.
Sous l’effet de la crise sanitaire, les investissements directs étrangers (IDE) à destination de l’Afrique ont baissé de 18% en 2020. Une baisse dont l’impact a différé d’une partie du continent à l’autre ; l’Afrique du Nord a par exemple subi une baisse de 32% des IDE, alors que les flux des investissements en Afrique subsaharienne ont reculé de 11% en 2020.
La capacité du continent à attirer les investissements directs étrangers va de plus en plus devenir un point déterminant dans son évolution. Réussir à créer des grands pôles économiques diversifiés répartis sur l’ensemble du continent comme l’Asie a su faire durant les décennies précédentes doit devenir une priorité pour l’ensemble des acteurs présents en Afrique. La création de la future zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pourrait être un élément qui accélèrera la croissance du continent notamment à travers l’intégration économique et l’harmonisation réglementaire.
Un continent au potentiel extraordinaire
La formalisation de l’économie et l’inclusion financière d’un continent composé de 1,3 milliards d’habitants, soit 17% de la population mondiale, et dont les projections annoncent près de 2,5 milliards d’habitants pour 2050, sont des étapes primordiales pour son expansion socio-économique.
En effet, avec près de 62 % de la population du continent africain qui a moins de 25 ans, les chiffres de la Banque mondiale indiquent que les jeunes représentent 60% des chômeurs en Afrique. De plus selon un rapport de l’Organisation internationale du travail sur le secteur informel, près de 95 % des personnes entre 15 et 24 ans en Afrique travaillent dans l’économie informelle.
Il sera essentiel de doper la création d’emplois de qualité face à la multiplication des emplois précaires, notamment par la mise en place de différentes formations afin de mobiliser et de monter en compétence une population prête à apporter tout son savoir-faire et sa richesse.
Des enjeux multiples
La crise a été un moyen pour les entreprises les plus résistantes d’accélérer leur transformation. La numérisation ouvre des possibilités qui imposent aux sociétés de sans-cesse se renouveler, et le continent africain rentre dans une phase de révolution digitale qui offre des nouvelles opportunités de croissance et de création de valeur pour les décideurs et les investisseurs.
Mais les entreprises ne peuvent pas agir seules. Il est nécessaire que le secteur privé et les pouvoirs publics se coordonnent pour favoriser une diversification des économies africaines et ainsi développer des nouvelles compétences dans des domaines comme l’agriculture, les énergies renouvelables, la santé ou encore la construction d’infrastructures.
Les États africains doivent aussi faciliter les procédures de partenariat public-privé, mettre en place des politiques d’incitations – fiscales, réglementaires, bancaires – qui mettent l’accent sur l’instauration d’un cadre stable et prévisible pour que l’ensemble des acteurs privés puissent se projeter à moyen et long terme sur le continent africain.
L’Afrique a en son sein tous les leviers pour enclencher une croissance durable qui soit bénéfique pour l’ensemble des populations présentes sur le continent.
Henri Wasne, Administrateur-directeur général de Sofibanque