(BFI) – Face aux inquiétudes des députés, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a apporté des précisions lundi 30 juin 2025 à l’Assemblée nationale. Répondant aux interrogations des membres de la commission des finances et du budget sur l’impact de la guerre entre l’Iran et Israël, le ministre a écarté tout risque immédiat d’augmentation du prix du carburant au Cameroun.
« Malgré une augmentation de 15% à 17% du prix du baril sur le marché international, les raffineries de l’Iran n’ont pas été touchées. Le prix à la pompe reste donc stable au Cameroun », a-t-il déclaré, selon le rapport officiel de son audition.
Cette sortie du ministre intervient alors que le gouvernement prépare un collectif budgétaire pour ajuster la loi de finances 2025. Le ministre a précisé que l’ordonnance budgétaire en préparation avait été élaborée bien avant l’éclatement du conflit au Moyen-Orient, et que « les conséquences de cette guerre ne changeaient rien aux prévisions du Cameroun ».
Mais dans les faits, le Cameroun évolue dans un équilibre délicat. D’un côté, Yaoundé peut profiter d’une hausse des prix du brut pour accroître les recettes de la Société nationale des hydrocarbures (SNH). De l’autre, le pays reste importateur net de produits pétroliers raffinés depuis l’arrêt de sa raffinerie de la Sonara en 2019. Une situation qui, à moyens termes, pourrait faire basculer les équilibres budgétaires si la tendance haussière se confirme.
Entre opportunités et vulnérabilités
Avec une production journalière de pétrole brut estimée à 72 000 barils, en baisse constante, le Cameroun joue sur deux tableaux. Il encaisse les bénéfices liés à la vente de brut, mais reste exposé à une facture croissante pour l’importation des carburants destinés au marché local. Ce paradoxe accentue la pression sur les finances publiques, surtout depuis que le gouvernement a engagé une politique de réduction progressive des subventions sur les carburants.
Si les effets immédiats du conflit semblent contenus, la stabilité du marché pétrolier reste incertaine. Une intensification des tensions ou un blocage du détroit d’Ormuz – par lequel transite une grande partie du pétrole mondial – pourrait avoir des répercussions en chaîne sur les coûts d’importation et donc, in fine, sur les consommateurs camerounais.
En attendant, le gouvernement temporise. Mais la marge de manœuvre reste étroite. Et la parole rassurante du ministre devra faire face, à terme, à l’épreuve des faits.