(BFI) – C’est une des premières contraintes des entreprises qui souhaiteraient investir mieux et recruter plus. La Société financière internationale, institution de la Banque mondiale chargée du développement du secteur privé, est souvent critiquée, notamment à cause des conditions de financement jugées trop rigides. Le directeur régional de la SFI était récemment à Ndjamena pour tenter de trouver des solutions.
C’est l’un des principaux griefs du patronat tchadien: la Société financière internationale (SFI) financerait trop peu de projets dans le pays. Cinq entreprises bénéficient aujourd’hui d’un partenariat dans les secteurs de l’énergie ou des télécommunications par exemple et quatre autres PME ont été retenues dans un programme dit des « Champions locaux ».
Parcours semé d’embûches
Mais l’accès à ces financements reste semé d’embûches. « Les conditions de remboursement, c’est un problème et aussi les montants, explique Bichara Doudoua président du conseil national du patronat tchadien. Moi ce que je vais proposer à la SFI, c’est de nous financer très rapidement parce qu’aujourd’hui vous avez vu le chômage dans le pays, constate-t-il. Les gens sont en train de d’errer dans la rue autour de la fonction publique. S’il y a des financements, on peut recruter et on peut arriver à payer les impôts pour faire tourner l’économie du pays ».
Ces critiques ne laissent pas indifférent Olivier Buyoya, le directeur pour l’Afrique de l’Ouest à la SFI, mais il assure qu’après une période de grande discrétion, son institution est bien de retour pour faire avancer les projets. « Compte tenu des couvertures un peu limitées de ces marchés-là, nous avions moins de possibilités de faire des choses dans des pays comme au Tchad » reconnait-il, en évoquant aussi « une certaine inertie » et des lenteurs dans le traitement des dossiers. « Nous avions par le passé moins de capacité d’accompagner les clients dans le développement des projets. Nous avions une approche d’un financier classique qui attend que le projet soit mûr avant de prendre position. Aujourd’hui, nous avons des équipes qui sont spécialisées pour accompagner les clients dans le développement des projets » assure-t-il.
Investissements graduels
Le bureau de la SFI à Ndjamena a rouvert en 2020. Son portefeuille de 65 millions de dollars ouvre le champ des possibles et cela plait bien à Bichara Doudoua. « Le fait que le représentant soit ici, ça nous arrange beaucoup. Avant ils venaient ici et repartaient vite. Maintenant, on est en contact tous les jours, donc on espère trouver une solution très rapidement », espère-t-il.
Un rapport de la banque mondiale paru fin 2023 pointait effectivement le manque chronique d’investissements dans le secteur de l’énergie. Mais pour répondre aux besoins du Tchad en matière d’infrastructures, il faudrait débourser l’équivalent 50% du PIB au cours de la prochaine décennie. « C’est beaucoup, convient Olivier Buyoya, mais je pense qu’il faut y aller graduellement. Le Tchad a des ressources considérables en termes d’énergies renouvelables. Aujourd’hui, je pense que le plus important, c’est qu’il y ait une stabilité politique et sociale pour qu’effectivement le secteur privé tchadien, régional et international, puisse aller chercher ses opportunités et des financements. »
La nommination de l’économiste Succès Masra à la tête du gouvernement pourrait également, selon Olivier Buyoya, fluidifier et améliorer le climat des affaires dans le pays.
Avec RFI