(BFI) – Sur les 1,4 milliards d’habitants d’Afrique, plus de 600 millions n’ont pas accès à l’électricité. Un chiffre qui pourrait dépasser les 657 millions d’ici 2030 si des efforts en matière de développement d’infrastructures énergétiques ne sont pas intensifié selon la Banque africaine de développement (BAD). Alors que la commission africaine de l’énergie, agence spécialisée de l’Union Africaine (UA) estime que le recours au nucléaire demeure urgent pour combler le déficit énergétique du continent.
Des experts révèlent que la multiplication rapide des petits réacteurs modulaires pourrait transformer l’évolution de l’énergie nucléaire en Afrique. « Nous devons investir davantage dans la construction des centrales électriques utilisant du gaz naturel dans les lignes de transmission entre nos Etats membres. Le défis que nous avons est d’établir un marché africain du pétrole et du gaz qui permet aux Etats membres d’échanger entre eux dans ce domaine pour combler le déficit d’accès à l’énergie » indique Rashid Abdallah, directeur exécutif de la commission africaine de l’énergie.
L’Afrique dispose d’un potentiel important en matière d’énergie nucléaire, énergie propre, pouvant réduire son déficit énergétique. Avec ses ressources minérales abondantes, le continent joue un rôle crucial dans le secteur mondial de l’uranium. Selon les données 2022 de l’association mondiale de l’uranium, quatre pays africains à savoir la Namibie, le Niger, l’Afrique du Sud et le Malawi se distinguent comme principaux producteur de l’uranium. Une véritable aubaine pour améliorer l’accès des populations à l’électricité mais aussi pour relever le défi du changement climatique selon les experts. « Ce potentiel offre l’opportunité unique à l’Afrique d’accélérer sa transition énergétique. Une approche de l’économie verte permettra aux pays Africains de passer à une production d’une énergie plus verte tout en répondant à leur demande d’énergie croissance pour construire une industrie et des systèmes de transport solide et vert » relève Amadou Hott, envoyé spécial de la BAD pour l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique.
L’agence international de l’énergie atomique (IAEA) estime que l’électronucléaire a permis d’éviter plus de 70 giga tonnes d’émission de carbone au cours des 5 dernières décennies et continue d’en éviter plus d’un giga tonne par an. En outre, le remplacement de 20% de la production électrique au charbon par 250 watts de production électronucléaire réduirait les émissions de 2 giga tonnes de CO2 soit 15% du secteur de l’électricité par an. « L’énergie nucléaire est un engagement à long terme qui exige un leadership national fort. Un certain nombre de pays africain se sont lancé dans la technologie de l’énergie nucléaire dans l’alimentation et l’agriculture, la santé, la nutrition, les applications industrielles et l’atténuation des effets du changement climatique. En Afrique nous avons 10 réacteurs de recherche dans 8 pays et environ 8 pays du continent ont commencé à manifester leurs intérêts pour ces réacteurs de recherche » indique Shaukat Abdulrazak, directeur de la division Afrique à l’IAIE.
Sur le continent, seul l’Afrique du Sud est aujourd’hui doté d’une centrale nucléaire. Pourtant selon des experts la nouvelle génération des réacteurs rend l’énergie nucléaire accessible à un plus grand nombre de pays africain offrant un coût réduit, une construction plus rapide et une sécurité améliorée. Les données de l’organisation mondiale de la santé (OMS) montrent que 3,2 millions de personnes meurent chaque année d’affection causé par l’utilisation du combustible de technologie polluant d’où l’urgence de se pencher vers le nucléaire comme source d’énergie fiable et durable.
André Noir