(BFI) – Au cours de la saison cacayère 2024-2025, qui s’est achevée en juillet dernier, l’Office national du cacao et du café (ONCC) souligne que le Nigeria a été le premier importateur africain du cacao camerounais. Concrètement, ce géant voisin a importé 2100 tonnes de fèves depuis le Cameroun, correspondant à 1,09% des exportations nationales.
« Le Nigeria a fortement accru les volumes importés de fèves d’origine Cameroun », souligne l’ONCC dans son rapport bilan de la campagne 2024-2025. Mais de façon plus globale, le continent noir reste le parent pauvre des exportations de fèves camerounaises au cours de la dernière campagne.
En effet, révèle l’ONCC, l’Afrique n’a capté que 1,13% des expéditions globales du cacao camerounais vers le marché international, dont 1,09% pour le Nigeria. Les cargaisons les plus importantes ont, comme à l’accoutumée, pris les destinations de l’Europe – 79,65% – et de l’Asie – 18,91% – apprend-on officiellement.
Le focus fait par l’ONCC sur le Nigeria dans son rapport de campagne n’est pas anodin. Il témoigne de la formalisation des importations de ce pays, longtemps présenté dans la filière cacaoyère locale comme un grand siphonneur de la production camerounaise – depuis la région du Sud-Ouest – au moyen d’importations frauduleuses.
« Depuis 30 ans, nous constatons une absence de la volonté du gouvernement à résoudre ce problème. Les Nigérians viennent jusqu’à Kumba, Mamfe. Ils utilisent des Camerounais. L’État ne peut pas nous dire qu’il n’a pas de moyens pour lutter contre ce phénomène », dénonçait Kate Fotso en 2017. La DG de Telcar Cocoa, alors négociant local de l’Américain Cargill et première exportatrice de fèves au Cameroun à l’époque, s’exprimait ainsi lors d’une réunion de crise relative au siphonnage de la production camerounaise par le Nigeria.
Au titre de la campagne cacaoyère 2022-2023, par exemple, le gouvernement camerounais avait officiellement annoncé des pertes d’environ 70 milliards FCFA, du fait des exportations frauduleuses de la production locale de fèves principalement vers le Nigeria. Pour endiguer le phénomène dénoncé depuis des années, le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, avait dû interdire à titre conservatoire les exportations de fèves vers ce pays voisin en cours de campagne 2022-2023.
L’accroissement des exportations frauduleuses de fèves camerounaises vers le Nigeria cette saison-là avait amené le gouvernement camerounais à adopter un nouveau système de commercialisation plus contraignant. Articulé autour d’un « contrôle rigoureux » des exportations de cacao par voie terrestre, maritime ou aérienne, ce système « vise à endiguer les exportations frauduleuses qui causent d’énormes pertes à l’économie nationale, notamment celles en direction du voisin nigérian depuis la région du Sud-Ouest », confesse le ministère du Commerce.