(BFI) – Le camerounais Afriland est cité dans un rapport d’ONG internationales. Il aurait facilité la violation des sanctions financières américaines contre l’homme d’affaires israélien, Dan Gertler, en RDC. Les dirigeants du groupe bancaire rejettent ces accusations.
Le groupe bancaire camerounais Afriland First Group est cité dans des pratiques de corruption et de fraudes impliquant un homme d’affaires d’origine israélienne, ayant d’importantes activités en République démocratique du Congo (RDC).
L’information est contenue dans un rapport publié ce 2 juillet 2020. Il est produit conjointement par les organisations non gouvernementales (ONG) Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique, et Global Witness.
Selon ce document, le groupe et sa filiale congolaise auraient permis à Dan Gertler, l’homme d’affaires proche de l’ancien président Joseph Kabila, de contourner des sanctions imposées par le gouvernement des Etats-Unis après que son nom a été cité dans plusieurs affaires de fraudes, et de corruption dans le secteur minier en RDC.
Ni le groupe ni sa filiale n’a accepté de répondre aux questions des deux ONG qui ont démarré leurs investigations après avoir consulté des documents fournis par des lanceurs d’alerte. Afriland RDC a simplement dit qu’elle n’a enfreint aucune réglementation et n’a aidé aucun de ses clients à contourner les sanctions américaines. Le rapport ne le démontre pas clairement, mais présente une série d’indicateurs de nature à soulever des soupçons.
Cette position d’Afriland First Group est aussi soutenue par les avocats de Dan Gertler, le principal mis en cause. Selon Bloomberg qui fait partie des médias qui ont reçu le dossier d’investigation, des avocats de l’homme d’affaires lui ont écrit. Ils ont prétendu que les documents impliquant Afriland n’ont jamais montré un lien avec leur client, et que du reste, ils sont faux. Seulement, aucune preuve ne soutient cette ligne de défense.
On note aussi qu’Afriland n’a pas totalement expliqué le bond spectaculaire dans le bilan de sa filiale en RDC en 2018, une année après les sanctions imposées contre Dan Gertler. En effet, l’encours global des actifs a été multiplié par trois cette année-là, atteignant les 351 millions $, selon un rapport d’audit de la firme PricewaterhouseCoopers (PwC). Sur la même année, les commissions sur les opérations bancaires ont doublé à 16 millions $, dont 80% constitués de frais perçus sur les transferts et les opérations de change.
De nombreuses banques internationales ont refusé de traiter directement avec des banques congolaises pour éviter de faire un jour face à la justice américaine. Afriland RDC était aussi dans la même situation. Le rapport suggère donc qu’elle aurait utilisé sa maison mère, basée à Yaoundé, pour servir ses clients congolais via ses deux correspondants bancaires au niveau international, dont l’un est l’américain Citigroup.
Si ce nouveau rapport est repris au sein du gouvernement américain, le groupe bancaire camerounais risque de se trouver en difficulté sur le marché international des changes. Des enquêtes sur ce type de dossier prennent parfois de nombreuses années, tout comme elles peuvent s’arrêter si les parties investiguées reconnaissent avoir mal agi, et acceptent un arrangement.
Citigroup est dans l’embarras, car sa filiale en RDC domine le marché du Forex dans ce pays. Le groupe américain s’était engagé auprès des autorités des Etats-Unis à respecter les règles. Cela ne semble pas avoir fonctionné avec tout le monde.
Agence Ecofin