(BFI) – Le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao derrière la Côte d’Ivoire, vient d’ouvrir sa nouvelle campagne cacao avec trois semaines d’avance. Un cacao qui sera acheté aux planteurs ghanéens beaucoup plus cher que l’année dernière, comme l’a annoncé le président Nana Akufo-Addo ce week-end.
Les cours du cacao en hausse depuis des mois laissaient présager une augmentation du prix payé au planteur pour la nouvelle campagne. Et de fait, le nouveau prix annoncé par le Ghana s’annonce beaucoup plus rémunérateur : il a été fixé à 20 900 cedis la tonne, contre 12 800 pour la dernière récolte, soit l’équivalent de 1 100 francs CFA le kilo environ. Une augmentation de 63% en monnaie locale.
Par cette annonce, les autorités ghanéennes envoient un signal fort aux planteurs à un an de la présidentielle. Mais pouvait-il en être autrement ? « Ce prix très attractif est le seul moyen pour le gouvernement d’essayer de lutter contre l’implantation de mines illégales et la fuite du cacao vers les pays voisins », explique un expert de la filière.
Des plantations convoitées par les orpailleurs
Plongés en pleine crise économique, des cacaoculteurs ghanéens ont en effet commencé ces dernières années à céder leurs plantations à des orpailleurs de plus en plus offensifs dans le pays.
En 2022, 19 000 hectares de culture avaient déjà disparu, selon des chiffres communiqués localement par des responsables ghanéens, sous l’effet de cette pratique appelé « galamsey ». Une pratique en hausse qui contribue à faire baisser la production de cacao déjà affectée par des pluies abondantes cette année qui ont accéléré la propagation du « swollen shot », la maladie du cacaoyer.
Le Ghana a donc fini sa campagne 2022-2023 avec 44 000 tonnes de fèves qui manquaient à l’appel pour honorer ses contrats. Le pays a décidé de clôturer administrativement la saison sans attendre fin septembre, et a démarré la nouvelle, vendredi dernier, ce qui lui a permis d’annoncer un nouveau prix.
En attendant la hausse du prix ivoirien
Cette communication devrait, comme c’est souvent le cas, aider à libérer sur le marché local les stocks de cacao de la dernière récolte qui étaient encore retenus par les planteurs, persuadés, à raison, que les prochains prix allaient être meilleurs.
Les cacaoculteurs ivoiriens devront eux attendre encore trois semaines pour connaître le nouveau prix payé localement. Mais le ton vient d’être donné : Côte d’Ivoire et Ghana évitent en général d’avoir des prix trop éloignés, afin de limiter le commerce illégal à leur frontière.