(BFI) – Le Gabon Economic Forum s’est achevé le 8 juillet 2025 à Libreville sur une série de recommandations ambitieuses visant à «transformer l’économie gabonaise pour assurer une croissance durable et partagée». Pendant deux jours, acteurs publics et privés ont esquissé les contours d’un nouveau modèle de développement, misant sur les filières stratégiques, la transformation locale et la réforme des finances publiques.
Parmi les mesures phares proposées figure l’adoption d’une stratégie sectorielle centrée sur les filières à fort potentiel : agriculture, forêts, mines, services numériques et tourisme. Cette orientation vise à mieux structurer l’action publique et à renforcer l’attractivité du pays.
Les participants ont également plaidé pour la publication régulière de données économiques fiables, indispensables à une meilleure orientation des investissements, ainsi que la révision du code des marchés publics pour y intégrer des critères favorables à la production locale. Autre priorité : accélérer la transformation locale des ressources en renforçant les zones économiques spéciales sectorielles. Il s’agit aussi de relancer les investissements productifs en orientant les financements publics et privés vers des projets structurants dans l’agriculture, la pêche, les industries locales et les services à forte valeur ajoutée.
Un objectif de croissance à deux chiffres
Le Forum a souligné l’urgence de formaliser le secteur informel, d’élaborer une stratégie nationale d’industrialisation, de réformer la politique budgétaire en l’alignant sur des principes de performance, de transparence et de soutenabilité, et de rationaliser les incitations fiscales pour en maximiser l’impact. Parmi les autres recommandations clés : le ciblage efficace des subventions, la réforme en profondeur de l’administration publique afin qu’elle devienne un bras opérationnel efficient de l’État, garant d’une exécution rigoureuse des politiques publiques et d’une gestion saine des finances.
L’objectif annoncé est clair : atteindre une croissance économique annuelle d’au moins 10 %. «Cet objectif, bien qu’ambitieux, est non seulement indispensable, mais aussi vital», a affirmé Henri Claude Oyima, le ministre de l’Économie clôturant les travaux. Une telle performance permettrait, selon lui, de compenser une croissance démographique estimée à 2,7 % par an, de contenir l’inflation et ainsi protéger le pouvoir d’achat des populations, mais aussi de répondre au taux marginal élevé de la BEAC (6 %), tout en dégageant les ressources nécessaires à l’investissement dans l’éducation, la santé, les infrastructures, la création d’emplois et la lutte contre la pauvreté.
Trois engagements fermes
Pour assurer la mise en œuvre des recommandations, Henri-Claude Oyima a pris trois engagements fermes : publier dans les prochains jours une synthèse des travaux assortie d’un plan d’action prioritaire ; instaurer un mécanisme permanent de suivi et d’évaluation, avec un bilan annuel des progrès accomplis ; institutionnaliser le Gabon Economic Forum comme un rendez-vous annuel, organisé en amont de la préparation de la loi de finances. Objectif : évaluer les avancées, identifier les écarts et ajuster les stratégies en temps réel pour bâtir une économie plus résiliente, inclusive et souveraine.
Selon lui, les échanges de ces deux jours ont permis de faire émerger des réponses concrètes à six grandes questions. Ces réponses forment désormais une feuille de route commune, qui se traduira par des mesures réglementaires pour mieux maîtriser les finances publiques ; des mécanismes incitatifs pour relancer l’investissement ; des réformes ciblées dans les entreprises publiques stratégiques ; et des outils de suivi pour mesurer les résultats concrets sur le terrain.