(BFI) – Alors que le Gabon a entamé de nouvelles discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) pour la mise en œuvre d’un nouveau programme de financement, le gouvernement affiche sa volonté de rompre avec les modèles précédents, jugés inefficaces pour le pays.
Dans un récent entretien accordé à TV5 Monde Afrique, le ministre de l’Economie, des Finances, de la Dette et des Participations, Henri-Claude Oyima, a exprimé son souhait de bâtir un programme mieux adapté aux spécificités locales. « Le Gabon a connu 17 programmes avec le FMI, sans résultats probants en termes de croissance. Il est temps de changer d’approche. Nous voulons bâtir un programme par les Gabonais et pour les Gabonais, en sollicitant l’appui du FMI sur notre vision, et non en calquant leurs modèles », a-t-il affirmé.
Cette nouvelle stratégie repose sur une réforme économique profonde, élaborée après une réflexion collective nationale. « Je m’y engage personnellement. Nous allons lancer dans les prochains jours une réforme économique profonde, avec une réflexion collective, nationale. Une fois ce programme conçu en interne, nous solliciterons les financements extérieurs. Car nous croyons que le Gabon possède déjà, en lui-même, les ressources et les leviers nécessaires pour écrire une nouvelle page de son histoire », a-t-il poursuivi.
Une démarche saluée
Selon des économistes, cette démarche est prometteuse et pourrait véritablement profiter aux populations gabonaises. L’économiste camerounais, Dr Jean-Marie Biada, estime que le Gabon a de bonnes chances d’obtenir un programme sur mesure avec le FMI, notamment parce que l’approche de l’institution de Bretton Woods a évolué au fil des années. « Autrefois, le FMI fonctionnait sur une approche descendante, imposant ses directives aux gouvernements. Mais depuis 2017, ce sont les Etats eux-mêmes qui soumettent leurs propositions et suggestions au Fonds », explique-t-il. Et d’ajouter : « bien que sa mission principale reste de garantir les grands équilibres macroéconomiques, le FMI ne vise pas directement à assurer le développement des pays, comme l’ont montré les résultats peu concluants de ses interventions au cours des deux dernières décennies ».
Pour réussir cette collaboration, cet expert certifié ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel) recommande au Gabon de préparer un document stratégique de développement reposant sur une approche participative. « Ce document devrait refléter les aspirations des différents corps sociaux et s’appuyer sur des méthodes éprouvées, telles que la Méthode accélérée de réalisation participative. Il est essentiel d’y intégrer des experts, la société civile et les acteurs des divers segments financiers afin de renforcer sa légitimité et sa crédibilité auprès du FMI », précise-t-il.
Les déclarations du ministre Oyima interviennent alors que le Gabon s’apprête à accueillir, à la mi-juin 2025, une mission du FMI. Cette visite aura pour objectif d’évaluer les avancées réalisées dans le cadre des engagements économiques et financiers du pays. Libreville espère, à l’issue de cette mission, conclure un nouvel accord avec l’institution afin de bénéficier d’un nouveau programme. Il faut rappeler que le dernier programme conclu, approuvé en 2021 dans le cadre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), avait été suspendu en 2023 en raison de plusieurs contraintes.