(BFI) – Le Cameroun transforme localement moins de bois que le Gabon. C’est ce qui ressort des données compilées par la Beac, la banque centrale des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Tchad, RCA, Gabon et Guinée équatoriale).
En effet, alors qu’il n’assure déjà que 29% de la production de bois de cet espace communautaire, loin derrière le Gabon qui en produit 40% à lui tout seul, le Cameroun ne transforme localement que 36% de sa production et exporte 64% de celle-ci, révèle le rapport de l’Indice composite des cours des produits de base (ICPPB) au 2e trimestre 2022.
Selon le même document, le Gabon, leader de la production au sein de la Cemac, transforme quant à lui 69% de son bois, dont seulement 31% de la production est expédié vers le marché international. En effet, profitant du boom de l’exploitation forestière, dont les coupes ont doublé en 10 ans, passant de 1,9 million de mètres cubes en 2012 à 3,7 millions de mètres cubes en 2021, selon le journal Le Nouveau Gabon, le pays s’est lancé dans l’industrialisation de sa filière bois en interdisant les exportations des grumes depuis plusieurs années. Il a également mis en place des mesures incitatives pour encourager la transformation locale.
Dans la perspective de l’interdiction des exportations des grumes à partir du 1er janvier 2023, mesure qui vient d’être reportée sine die par la commission de la Cemac, le Cameroun a emboité le pas au Gabon dès 2022, dans la promotion de la transformation locale. En effet, dans sa loi de finances 2022, le pays a relevé le taux du droit de sortie applicable aux bois exportés sous forme de grumes de 35% à 50%, afin de décourager les expéditions de ce produit vers le marché international. Et pour encourager la transformation locale, le pays a exonéré de tous les droits et taxes de douane à l’importation, les appareils, équipements, matériels et outils importés destinés au développement de l’activité locale de « transformation poussée » du bois.
Mais, avec le report de l’interdiction des exportations des grumes par les pays de la Cemac, le Cameroun devrait continuer à exporter des billes de bois. Contrairement au Gabon, pays dans lequel certains opérateurs s’inquiètent plutôt d’une éventuelle surcapacité de transformation, que les forêts gabonaises pourraient ne plus soutenir sur le long terme.
« L’investissement massif dans l’industrie du bois au moment où la rente des forêts primaires baisse doit être accompagné d’aménagements. Il ne devrait pas y avoir d’impact sur la durabilité des forêts, si la production se répartit sur un plus grand nombre d’essences. », explique Benoît Jobbé-Duval, directeur de l’Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT).